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elfe - Page 2

  • Les brumes de l'abîme : chapitre 2 (partie 2)

    elfe archer.gifUn rai de lumière vint se poser sur le visage d'Arthalas depuis le volet entrouvert de la chambre. Une douce chaleur l'envahit, comme si il reprenait vie, ses paupières qu'il pensait figées par le sel marin s'ouvrirent sans peine. Sa première réaction fut de bondir hors du lit, prêt à affronter le moindre danger. Mais comme personne ne se trouvait dans la pièce, et qu'il ne sentait pas de présence hostile dans les environs, il se rasséréna quelque peu. Le jeune elfe se trouvait dans une petite pièce de trois mètres sur trois, meublée d'un lit robuste, d'une petite table de chevet et d'une armoire en pin massif. Un tableau immonde surplombait le sommet du lit, et il émanait de l’ensemble le doux fumet d'un putois croisé avec un sanglier. Arthalas s'habilla en vitesse, ne sachant toujours pas où il se trouvait. Apparemment quelqu'un l'avait sauvé et soigné plutôt efficacement, à en juger par la forme relative qu'il éprouvait. Dans ce cas il lui présenterait ses remerciements avant de reprendre la route. C'est ainsi qu'il se hâta vers la porte. Mais à mi-chemin il se senti vaciller et eut le tournis: visiblement il n'était pas tout à fait remis. De plus une faim monstrueuse le taraudait et le vidait de son énergie! C'est alors qu'il entendit plusieurs voix, plutôt joviales lui sembla-t-il, par delà la cloison. Il devait vraiment être épuisé pour ne pas les avoir entendu plus tôt avec ses sens elfiques! Ces trois voix masculines résonnaient désormais terriblement, et une des trois personnes lâcha un rire qui fit trembler les murs! De nouveau à l'affût, le jeune elfe se saisit de son arc posé près de l’armoire, et encocha une flèche, prêt à tirer à la moindre menace. Il entrouvrit la porte, puis poussa d'un coup sec, pensant faire une roulade qui surprendrait les éventuels ennemis. Hélas ses jambes étaient encore tremblantes et il ne réussit qu'à s'affaler de tout son long sur le sol, manquant s'éborgner avec la hampe de la flèche, devant les trois compères ébahis. S’il s'agissait d'ennemis, Arthalas venait de signer son arrêt de mort.

     

    Il ferma les yeux s'attendant à de terribles représailles. Pourtant à sa surprise, deux bras puissants mais très délicats se saisirent de lui pour le relever. L’homme aux allures de chevalier mit le bras de l'elfe par dessus son épaule, et l'aida à rejoindre la table où siégeaient les deux autres inconnus. Une fois installé, le chevalier lui lança un sourire chaleureux et lui tendit une écuelle pleine d'un gruau peu appétissant, mais dans son état Arthalas n'était plus très regardant. Il se trouvait entre un géant crasseux dont il ne distinguait pas l'œil droit, et un mage en robe cyan affichant un air supérieur derrière sa barbe rousse. Le trio était assez hétéroclite, et on n'avait peine à croire que ces hommes puissent être amis. Quoiqu'il en soit, ils n'avaient pas fière allure, tout couvert d'hématomes et d'estafilades qu'ils étaient. Leurs cheveux étaient ébouriffés et plein de feuilles, leurs vêtements boueux et leurs regards voilés comme si ils avaient vu une naine se déshabiller! Le colosse laissa échapper un rot sonore et odorant avant de rire grassement:
    « Alors petit bout d'elfe, tu te sens mieux? Je croyais que tu ne passerais pas la nuit, mais apparemment cet imb... heu Anomen a pu te sauver la mise! » Lâcha-t-il en mettant une tape violente dans le dos de l'elfe qui manqua s'évanouir sous l'impact. Le paladin foudroya le barbare du regard et reprit sur un ton amical:
    « - Pardonne la vulgarité de mon ami. Je me nomme Anomen, paladin des Lames Ardentes. A ton service. Et voici Phaelgalis le barbare, c'est lui qui t'a trouvé gisant sur la plage. Quand à lui il se nomme Zacharius, mage à la cour du roi Dekon. Comme tu le vois nous n'avons pas fière allure, rassure toi c'est uniquement parce que nous sortons d'un combat assez...mouvementé!
    - Je me nomme Arthalas, Grand Pisteur du royaume elfique de Liorund. Veuillez pardonner mon attitude fort peu amicale, mais je sors d'un rude voyage moi aussi, comme vous pouvez le voir. Pourrais-je vous demander combien de temps j'ai dormi, et où je me trouve par hasard?
    -Tu te trouves dans l'auberge du Dragon enrhumé à Thornalia, mais je ne saurais te dire combien de temps s'est écoulé depuis ton naufrage. Nous t'avons trouvé à l'agonie hier matin, et t'avons ramené ici. C'est tout ce que je peux te dire, hélas. Mais dis moi comment t'es tu retrouvé en si mauvaise posture?
    - C'est une bien longue histoire, je ne devrais pas vous la raconter en vous connaissant si peu. Enfin puisque vous m'avez sauvé je veux bien vous en dévoiler plus.

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    Comme je viens de vous le dire je viens de Liorund, le royaume sylvestre, où j'avais à charge de surveiller la frontière, en vue d'empêcher toute intrusion illégale. Hélas pour notre plus grand malheur à tous, je m'endormis à mon poste un soir il y a de cela quelques semaines. Croyez moi si vous voulez, mais je devine là quelques turpitudes magiques: je n'avais pas bu et j'étais en pleine forme! Toujours est-il que des intrus se faufilèrent dans la forêt interdite, jusqu'au Palais de Olhirum notre reine. Là ils lui plantèrent un poignard en plein cœur, et lancèrent une incantation maléfique, qui eut pour effet de changer la reine en Liche. Ils lui mirent ensuite une sorte d'orbe noir à la place du cœur, et aussitôt les arbres alentour périrent empoisonnés. Le fléau qui détruirait ce monde venait d’être créé. Il est dit en effet dans les anciens textes sacrés qu'une liche elfique de sang royal ravagerait le monde, munie des pouvoirs de l'orbe du désespoir et du collier des Pourpres Saisons! Mais ce qu'ils n'avaient pas prévus c'est que la reine confierait ce fameux collier à sa fille, la princesse Thalunia. Cette dernière, alertée par des bruits de pas incongrus, avait emporté le collier à la lisière de la forêt, afin de le mettre hors de portée de ces démons. Et ainsi sauver sa mère. Malheureusement, avant d'atteindre son but, elle fut interceptée et mortellement blessée par une créature noire terrifiante, munie d'un fléau en forme de dragon. Je le sais car la scène se déroula sous mes yeux alors que je m'éveillais! Le reste me fut conté par un survivant par la suite. Je décochai une flèche de Soleil sur son assaillant. L’impact le fit hurler de façon inhumaine, et il s’en retourna dans les fourrés soigner sa blessure. Thalunia me tendit le collier de sa main ensanglantée. Un océan de larmes déferlait le long de ses joues, collant ses belles tresses blondes à ses joues. Elle me fixa de ses yeux couleur ambre, et me murmura avec ses dernières forces:
    « -Prenez ce collier, maître Arthalas et fuyez! Il est l'avenir de ce monde, de notre royaume! Si jamais IL en prenait possession, les Brumes de l'abîme recouvriraient ce monde, et l'ordre de la désolation régnerait! Fuyez par delà les montagnes du couchant, par delà la mer du brisant, par delà les plaines de sable et les marais putrides! Ramenez ce collier au grand sage Amund de la ville d'Ishandir, lui seul saura comment remédier à ce mal... Allez maintenant, faîtes vite... je... compte sur....vous........."

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    Elle mourut là dans mes bras sans que je puisse rien faire, le visage figé sur une expression d'imploration. Alors que je lui refermais les yeux, je ne pu contenir ma rage qu'à grand peine. Le royaume de Liorund, se décomposait peu à peu sous mes yeux sous les assauts d’un étrange nuage de jais, et les cris des habitants terrifiés m'arrachèrent des larmes de désespoir! J'aurais tant voulu me battre pour eux, les sauver à la force de mon arc! Mais j'avais une mission et c'est la mort dans l'âme que je dû me résoudre à fuir. Depuis je voyage vers l'Ouest, marchant de nuit et dormant le jour, car l'assassin de la princesse me poursuit sans relâche une fois l’astre de feu couché. Il semble invincible, rien ne peut l'arrêter à part le soleil! J'étais finalement parvenu à embarquer au bord de la Marie Galante au port de Vuhm, quand au large une terrible tempête balaya mon navire et me fit échouer sur ces rivages.
    Voilà c'est mon histoire, j'ignore si vous me croyez ou non, mais ce fardeau je dois désormais le porter seul! Je reprendrais la route dès ce soir avec votre permission."

    Tandis qu’Arthalas contait ses malheurs, la lumière de l'auberge s'était faîte plus faible, l'atmosphère plus glaciale et les visages s'étaient fermés. Même Phaelgalis s'était tût et affichait un air grave. L'elfe n'avait pu contenir son chagrin et son expression était déchirante. Un long silence pudique suivit le récit. Même l'aubergiste ne pipait mot, quand soudain le barbare frappa du poing sur la table:
    « -Mince, ce monstre! Pas de doute c'est celui qui nous a attaqué hier soir! Le salopard! Décidément le chaos règne partout où il met les pieds celui là! Je sais pas ce que les autres en pensent mais sache que tu n'es plus seul! Je t'aiderais dans ta quête, et ensemble on trouvera bien un moyen de faire la peau à l'autre pingouin!
    - Je suis d'accord avec Phaelgalis: la Règle et la Mesure ne saurait tolérer pareilles exactions! Je t'apporterais toute l'aide que je pourrais. Sois en assuré mon ami! Renchérit Anomen.
    - Hé bien, je n'apprécie guère qu'un être aussi répugnant m'ait blessé. Il semble de plus que l'opportunité de rencontrer le grand sage Amund, vaille bien quelques sacrifices! Ma foi je marche avec vous! Un mage de ma qualité vous sera fort utile. »

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    Arthalas qui quelques jours auparavant se sentait seul au monde, venait miraculeusement de trouver trois compagnons de choix. En ne se fondant sur rien hormis son instinct, il décida de leur faire confiance. Leur réaction lui avait fait chaud au cœur, et il doutait d'y arriver sans eux! Un léger sourire naquit sur ses lèvres tandis qu’il déclarait:
    « -Mes amis je ne sais que dire... Je trouve enfin du secours, après tout ce temps! Il me semble que l'espoir revient peu à peu en moi! Je...
    - Les mots sont inutiles, coupa le paladin, nous avons un ennemi et des buts communs: notre alliance était inévitable!
    -Ouais, scanda Phael, vive nous! Que débute les chroniques des Compagnons de la Bière!
    - Désolé mais il est hors de question qu'un mage voyage dans un groupe affublé d’un nom pareil! Je propose pour ma part le Groupe de Tanzar!
    -Si vous permettez, intervint Arthalas, le titre de « Frères du trèfle écarlate » me semble plus approprié. Regardez donc pourquoi! »
    Il montra le collier qui pendait à son cou, composé de trèfles à quatre feuilles écarlates reliés par un fil de mithirl, celui-ci n’avait rien d’exceptionnel de prime abord. Phael l'envisagea d'un oeil circonspect:
    "-C'est ça le Collier des Pourpres Saisons? J'imaginais quelque chose de plus ... étincelant!
    - Tout ce qui brille n'est pas d'or, l'inverse est aussi vrai. Parfois les plus grands trésors sont très bien cachés et ne se révèlent qu'à qui prend la peine de les observer!
    - Mouais c'est ça..... Bon quoi qu'il en soit.....
    - EN AVANT FRERES DU TREFLE ECARLATE!!!! Clamèrent-ils tous les quatre en chœur. »

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  • Les brumes de l'abîme : chapitre 2 (partie 1)

    Chapitre second

     


    fire_wizard.jpgLes caravanes ne sont plus ce qu'elles étaient! Voila ce à quoi songeait Zacharius Ombrecieux, grand mage de son état, pendant qu'il arpentait les sentiers boueux de la forêt de Jade. Sa robe de mage était maculée de terre et son bâton s'enfonçait toujours plus profondément dans la boue à chacun de ses pas. Deux jours auparavant il avait pris la route à bord de la caravane d'un marchand nain. En tant que passager il avait dû débourser une somme relativement importante pour rejoindre Flavia et sa tour de sorciers. Malheureusement le convoi avait été attaqué par une troupe d'ogres grognons qui déblatéraient des injures peu flatteuses dans leur langue. Ces derniers passaient près de la caravane quand Zacharius leur avait proposé un de ses savons magiques, pour qu'ils lavent l’infâme puanteur qui l’incommodait pour sa concentration. Les ogres susceptibles, l'avaient très mal pris et avaient tué tous les membres de la caravane, à l'exception du mage qui avait eu tout juste le temps de se téléporter à quelques kilomètres. Résultat de toutes ces péripéties: il se retrouvait perdu en forêt, sans provisions, sans ses grimoires, sans ses cartes et surtout SANS ses savons magiques! Il était tout crasseux et cela l'insupportait terriblement. Et un mage en colère n'est guère sympathique, déjà qu'en temps normal... Cela faisait bien une journée qu'il marchait dans ces fichus bois, sans véritablement avancer. Le thaumaturge lança donc un sort de détection au clair de lune, afin de repérer quelques signes de vie. Hormis, quelques petits loups, et deux mort-vivants, il ne repéra qu'un barbare et une créature inconnue. Sans doute cette dernière pourrait-elle l’aider, quand au barbare il valait moins encore que les loups: Zach détestait ces brutes. Il se dirigea donc vers la créature intelligente et le barbare. Lorsqu'il les aperçu enfin, il les vit en train de se battre: qu'attendre d'autre d'un barbare après tout? Celui-ci justement semblait en mauvaise posture, son adversaire était sur le point de l’achever. Cependant ce dernier mettait le thaumaturge mal à l'aise: une créature magique dégageant une aura aussi négative ne saurait lui être d'aucune aide. Aussi le mage décida-t-il de faire une chose qu'il n'aurait jamais pensé possible: venir en aide à un barbare!



    Chaque battement de cœur de Phaelgalis, sonnait comme le carillon de l'inéluctable: l'incarnation de la mort se rapprochait peu à peu de lui. Pourtant il hésitait, même face à ce destin horrible, à recourir à ce fameux pouvoir. Le crâne du barbare allait voler en miettes sous le poids de l’engin de mort du monstre, lorsqu' une langue de flammes ardentes dévora celui-ci. Zach venait de lancer le terrible sort du souffle draconique de Tanzar, ce qui donna lieu à un spectacle pyrotechnique haut en couleurs. Désormais vidé de son énergie, il espérait que le barbare aurait assez de jugeote pour se montrer reconnaissant. Quoique dans son état celui-ci n'eut pût faire grand chose. Phaelgalis quand à lui ne savait pas trop comment réagir face à ce nouveau venu. Ami ou ennemi? Telle était la question.
    « Salut à toi Barbare! On dirait que je viens de te sauver d'une mort fort désagréable. Je me nomme Zacharius Ombrecieux, mage à la cour du roi Dekon. Comment te prénommes tu et par quel funeste hasard t’es-tu retrouvé en si fâcheuse position?
    -Mon nom est Phaelgalis, et j'ignore si je dois t'en dire plus tant que je ne connais pas tes intentions, mage de la cour du « roi des cons »
    - Heu tu fais erreur c'est le roi Dekon, et je ne te veux aucun mal. Je suis juste perdu et désire retrouver le chemin de la civilisation.
    -Hum... je veux bien te croire je n'ai pas le choix de toutes façons. Je me suis retrouvé ici après une petite bagarre amicale dans une auberge. J'allais m'en retourner me coucher quand ce... cette chose m'a attaqué. J'étais sur le point de m'en défaire, mais tu m'as devancé apparemment, mage de la cour du roi "déconne".
    -J’en suis heureux, répondit-il guère convaincu. Dis, sais- tu comment sortir de cette forêt? Tiens bois cette potion de soin et vois si tu peux te lever »
    Le blessé but goulûment le breuvage et senti sa douleur fortement diminuer, il se releva péniblement :
    « -Bien, merci Zacharius! Tu vas rire mais j’ignore où se trouve la sortie de ce bois. Enfin on va bien en trouver une, hein!
    - Ha ça! Tu viens de profiter de moi sale barbare, tu n'es qu'un fourbe, un...
    -Stop! On se calme, je ne sais pas où se trouve la sortie, mais je vais la trouver, je suis un pisteur hors pair. Cesse donc de t'inquiéter, je tiendrais ma part du marché. Et puis......... Bon sang, ATTENTION!! »

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    La créature se tenait là derrière le mage, un rictus mauvais aux lèvres. Elle était grièvement brûlée mais encore en état de se battre. La moitié gauche de son visage s'était détachée, laissant apparaître un crâne couleur sang. Une odeur de chair carbonisée embaumait l'air, tant et si bien que les deux compères en eurent la nausée. Au vu de leur état actuel, une seule solution s'imposait: fuir! Ils prirent donc leurs jambes à leur cou et détalèrent comme des gobelins devant un bain! La créature émit un cri ignoble et s'élança à leur poursuite. Désormais il s'agissait d'une course pour la vie: ralentir signifiait la mort, et la moindre chute ne pardonnerait pas. Le cœur battant, Phaelgalis et Zacharius fendirent donc la bise aussi vite qu'ils purent, en ne se fiant qu’au seul instinct du guerrier pour les guider. Une succession de buissons, d'arbustes et autres embuscades s'offrit à eux, mais mus par l'énergie du désespoir ils les dévorèrent tous. Jamais on ne vit un mage courir aussi vite, et Phaelgalis aurait bien ri si la situation n'était pas aussi grave.

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    Hélas les robes ne sont guères pratiques pour courir, ça s'accroche partout et on trébuche pour un rien c'est pas les femmes humaines qui diront le contraire: ce qui devait arriver arriva. Zacharius trébucha se tordant la cheville dans la foulée. Phaelgalis n'eut d'autre choix que de s'arrêter pour faire face: c'était vraiment stupide songea-t-il, ce mage n'était rien pour lui et il n'avait pas l'âme d'un paladin. Comme le démon arrivait à une vitesse hallucinante, prêt à réduire en charpies les improbables compagnons d'infortune, il se heurta contre un mur de lumière.

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    Fidèle à son habitude, Anomen fit une entrée fracassante, dans le plus pur style épique, en prenant une posture triomphale que n’auraient pas renié les héros des temps passés. Son sort de protection contre les forces du mal avait fonctionné à merveille: il était arrivé à temps!
    « -Sale engeance des ténèbres! Péris sous les coups de mon épée de justice, moi Anomen le paladin serais sans pitié!
    - Ouais, Anomen tu peux abréger, s'il te plait, j'ai la dalle moi, alors tue le vite qu'on en finisse!
    -Pourquoi faut-il toujours que tu sabotes mes entrées?! Bon ben c'est plié maintenant, autant en finir! »
    Le paladin brandit son épée qui rayonna d'un éclat sans pareil, transperçant la pénombre comme une lance. Le spectacle était féerique, un peu comme sur les fresques du temple du dieu de la Lumière Azun dans la ville sainte. Visiblement entravé par la clarté ambiante, le monstre hurla de douleur lorsque le paladin le frappa au torse. Mais il était décidément coriace, et réussit à repousser l'assaut du chevalier d’un revers de fléau. En se concentrant il parvint même à reformer en partie la zone de ténèbres qui l'entourait. Le combat n'était pas encore gagné et même les pouvoirs d'un paladin ne semblaient pouvoir en venir à bout! Un combat acharné pour leur survie s’annonçait. Cependant, alors que la tension était à son comble, la créature disparut soudain dans un maelstrom ténébreux, tandis que les premiers rayons du soleil pointaient à l'horizon. Incrédules, les compagnons réalisèrent qu'ils étaient tirés d'affaire!
    « -Au moins on connaît son point faible! »Lâcha le mage tout sourire.
    Il poussèrent tous trois un profond soupir de soulagement et le groupe s'en retourna à la taverne du Dragon enrhumé, panser les diverses blessures et fêter cette « victoire » si durement acquise.

     

  • Les brumes de l'abîme : chapitre 1 (partie 2)

    conan.jpgAprès avoir écumé la plupart des auberges de Thornalia, Phaelgalis se dit que cette ville n'était décidément pas faîte pour les barbares: aucune n'avait de bière naine, pire la majorité des établissements ne proposait pas d'alcool , à part cette horrible boisson elfique, tout juste bonne à réchauffer les petites vieilles, et encore. Lorsqu'il demanda pour la millième fois de la bière au gérant de la taverne du Loup Amphibie, notre barbare favori était au bord de la crise de nerfs. Quand soudain un client passablement emêché commit une erreur fatale:
    « Y'a pas de ces boissons de sauvages par ici! Vous êtes une insulte vivante au raffinement et au bon goût de Thornalia, espèce de plouc!
    - Répétez moi ça. répondit Phael sur un ton faussement calme.
    -Vous êtes un..................… »


    Un coup de poing arriva à la vitesse d'une flèche elfique dans le visage de l'insolent! La puissance de l'impact lui arracha plusieurs dents et l'envoya voler contre la poutre voisine: c'était comme si il avait pris un coup de marteau de guerre sur le nez! Il est des choses en ce monde qu'il vaut mieux éviter si on veut fonder une famille et voir ses petits enfants grandir: énerver un barbare ,qui plus est à jeun, arrive en tête de celles-ci. Passé l'ébahissement général dû à la frappe gargantuesque de Phael, les clients si"raffinés" de l'auberge se lancèrent dans une belle bagarre générale. Les attaques fusèrent de partout, les lames s'entrechoquèrent, les corps s'entremêlèrent et le vin elfique vola en tous sens. Le barbare s'était saisi de ses deux terribles épées et les faisait virevolter en tous sens, comme si c'était de simples lanières de tissu, dessinant des arcs de cercles complexes et générant un bruit semblable à une marche funèbre. Déjà des dizaines de corps gisaient à ses pieds et il aurait sans doute terrassé tous les badauds ,si un elfe noir perfide ne l'avait pas attaqué par derrière. Celui-ci eut juste le temps de l'égratigner avant que Phael ne l'envoie voler contre le comptoir ,d'une projection issue de la lutte Orquo-gnomique, lui brisant par là même le crâne. Hélas la dague du traître était empoisonnée à la mode de ses congénères, et, tout barbare qu'il était ,notre héros commença à en ressentir les effets au bout de trois autres victimes. Ses mouvements se firent plus saccadés, sa respiration plus courte et ses paupières bien plus lourdes. Il sentit une torpeur intense l'envahir, tandis qu'il étranglait son dernier adversaire, un froid extrême coulait en ses veines pourtant il transpirait à grosses gouttes: sa vision se fit plus trouble et chaque pas lui pesait. Phaelgalis s'écroula dans un râle immense que n'aurait pas renié un dragon constipé, les fondations de l'auberge en furent d'ailleurs bien ébranlées, et eût tout juste le temps de lancer un dernier regard plein de haine vers le nain qui se ruait vers lui.

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    Quand Anomen revint à la taverne, il ne s'étonna guère de l'absence de son ami: ce dernier avait l'habitude de passer les nuits dehors . Le paladin l'avait plus d'une fois retrouvé en train de ronfler dans une petite ruelle, empestant l'alcool bon marché et recouvert de crasse, en train de cuver et de rêver à des massacres sanglants. Il se rendit donc au chevet du malade pour vérifier son état: il était encore un peu chaud mais sa respiration était normale et son visage avait repris des couleurs, il serait en état de danser la valse elfique d'ici le lendemain matin. Rassuré Anomen retourna à sa chambre, il se déshabilla et rangea ses achats dans un coin près de l'armoire. Il plaça un sceau de détection divine sur le pas de la porte, afin de prévenir toute attaque, être ami avec un barbare entraînait une hausse substantielle du nombre de ses ennemis, et se glissa sous le duvet réconfortant de sa couverture. Ha ce qu'il avait hâte de montrer sa nouvelle épée et son plastron d'ivoire à sa belle, dame Elithiara!

    Phaelgalis possédait des anticorps hors du commun même pour un barbare, nul ne savait vraiment pourquoi. Le poison l'avait laissé dans un état léthargique proche de la mort, tant et si bien que ses adversaires l'avaient crû mort. Ils l'avaient donc balancé dans une clairière de la forêt de Jade, afin de laisser le soin aux loups et autres prédateurs d'effacer les traces du meurtre. Mais en réalité , le métabolisme du barbare s'était ralenti au minimum afin de détruire les toxines. Le présumé mort se réveilla donc avec une sérieuse migraine et les muscles en compotes quelques heures plus tard. Un renard avait posé sur lui sa truffe, pensant faire un bon repas, hélas pour lui Phael ayant repris conscience et étant de fort méchante humeur, il lui décocha un coup de pied bien senti! Il se releva avec toutes les peines du monde, les "courageux"clients de l'auberge avaient roué son corps de coups juste pour rigoler. Alors qu'il déambulait tant bien que mal, il jura de leur faire payer au centuple cet affront. Seulement pour l'instant il était perdu en pleine forêt et blessé. Au loin il entendit le hurlement d'un loup, il était à quelque kilomètres de là et sa meute se rapprochait. Il ne fallait pas non plus oublier les rencontres inhérentes aux promenades sylvestres nocturnes, comme les morts- vivants... ou pire. Pas de doute Phaelgalis devait bouger de là et en vitesse! Heureusement en guise de réconfort ses épées étaient encore en sa possession, non que les assaillants aient tenté de les prendre pour butin, mais celles-ci électrocutaient toutes autre personne que le barbare saisissant leur garde.

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    Notre ami se mit donc en route le plus rapidement qu'il pût, grâce à son puissant sens de la nature il trouverait bien un chemin. Pourtant plus que les loups, ce qui inquiétait le colosse c'était l'atmosphère oppressante de la nuit, comme si il était pris dans un linceul de ténèbres. Bien malgré lui il tressaillit lorsqu'une odeur méphitique arriva à ses narines: un regard se posa sur lui, Phael n'arrivait pas à savoir d'où mais un être ,apparemment profondément maléfique ,le dardait d'un point de la forêt avec une haine presque palpable. Le barbare pressa le pas pour s'éloigner de cette présence mais celle-ci semblait le suivre, bien qu'aucun bruit n'émane de ses déplacements. Pris d'une soudaine frénésie, Phael dégaina son épée gauche Thotril et hurla « Lucius Belli », celle-ci dégagea une intense lumière qui éclaira les environs sur plusieurs mètres. L'ennemi lui apparu soudain à quelque enjambées , il semblait absorber la lumière et était relativement informe ,presque immatériel. Son visage était difficilement descriptible car changeant continuellement: il adoptait diverses expressions effrayantes ou effrayées comme s'il reflétait toute la misère de ce monde. La créature poussa un cri à glacer le sang d'un yuan-ti, mélange entre des cris de filles, d'hommes, d'orques et même de cochons sembla-t-il au barbare, et brandit une sorte de fléau avec pour tête un crâne de dragon. Avec la rapidité d'un chat et la légèreté d'un nuage elle se jeta vers Phaelgalis. Seule sa fierté de guerrier l'empêcha de prendre ses jambes à son cou!

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    « -Mort, peur, ténèbres, peste… désespoir! Hâtez-vous Anomen votre ami court un terrible danger! Hâtez-vous mon aimé si vous souhaitez le revoir vivant..… »
    Anomen se réveilla en sueur, ELLE lui était apparu! Le visage de sa dulcinée avait hanté ses rêves toutes les nuits, mais jamais elle ne lui avait parlé. C'était là un sombre présage, un avertissement qu'elle avait voulu lui donner. Phaelgalis, ce gros imbécile s'était sans doute fourré dans un pétrin indescriptible, cependant il avait peine à croire qu'il soit vraiment en danger: la force de son ami était vraiment exceptionnelle et pour le vaincre son adversaire devrait faire preuve d'une puissance hors du commun. Mais l'expression sur le visage d'Elithiara trahissait une frayeur mal contenue, s'il ne se hâtait la mort viendrait prendre son seul ami! Le paladin se saisit de sa nouvelle rapière et se précipita hors de sa chambre, avec le pressentiment qu'un cataclysme était sur le point de tous les frapper.Vite il devait retrouver le barbare imprudent!

    Une colonne de poussière immense s'élevait du point où se trouvait Phaelgalis une seconde plus tôt. Il avait tout juste eu le temps de rouler pour esquiver l'assaut: son adversaire était rapide et puissant, cela ne faisait aucun doute. Le barbare entreprit une contre-attaque contre son assaillant mais ce dernier évita sans peine l'assaut, et se plaça à la vitesse de l'éclair dans le dos de Phael. Il allait lui porter un coup fatal, lorsque notre héros brandit sa seconde épée Azril, pour dévier l'attaque. La tête du fléau alla décapiter un arbuste quelque mètres plus loin. Sa situation n'était guère brillante, son adversaire était plus fort, plus agile et possédait une meilleur allonge que lui! Un courant d'air aurait été plus saisissable! Phaelgalis était cantonné à la défensive sans pouvoir riposter, le monstre tournait sans cesse autour de lui sans un bruit. Il bondissait de tous côtés, jaugeant la garde du barbare à la recherche de la moindre faille. Soudain il sembla disparaître aux yeux de son opposant, pour réapparaître à quelques centimètres de lui, Phael surpris n'eut d'autres choix que de se jeter violemment à terre pour ne pas périr broyé par la terrible arme. La créature plongea son regard noir dans le sien et le barbare se senti aspiré dans celui-ci. Il se vit mourir de mille façons, toutes ses peurs se matérialisèrent sous ses yeux! Il était au bord de la folie, et n'arrivait plus à bouger. Au moment où il devina que son ennemi allait lui porter le coup de grâce, Phael décida de tenter le tout pour le tout!

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    La rage monta dans son corps, gonflant ses tempes et ses veines, accélérant les battements de son cœur. Elle lui fit l'effet d'une décharge électrique, ses muscles se contractèrent, et une force stupéfiante envahit ceux-ci: Phael s'abandonna à la fameuse rage du Berserker. C'était un pari risqué car ses effets étaient limités dans le temps et engendraient une grande fatigue, synonyme de mort dans ce genre de combat. Le barbare n'avait en outre que très peu de contrôle sur ses mouvements dans cet état, mais dans ce cas cela l'avantageait, il ne sentait plus la peur! Le colosse s'élança donc de tout la force de ses cuisses et plaqua son adversaire contre un arbre, l'écorce de celui-ci vola sous l'impact. Azril et Thotril virevoltèrent en tous sens , découpant tout sur leur passage et déviant à chaque fois les assauts de la créature. Phaelgalis enchaînait attaque sur attaque et avait repris l'avantage. Enfin il porta un coup sérieux à son terrible adversaire qui recula mais ne broncha pas. Hélas cela ne suffirait même pas à le ralentir, et les minutes défilaient. La créature effectua un bond prodigieux et lança une incantation alors qu'elle se tenait dans les airs: le barbare se retrouva pris dans une chape de ténèbres. Il était désormais aveuglé et le sort le vidait de son énergie, qui régénérait la blessure du monstre. L'effet de la rage de Berserker pris subitement fin, et le contrecoup se fit immédiatement ressentir: haletant, Phaelgalis tomba à genoux. Son adversaire lui décocha un terrible coup de poing, qui le projeta contre une souche, le barbare sentit une de ses côtes se briser. Désormais sans défense il ne pouvait que contempler le terrible spectacle de son adversaire fondant sur lui. Allait-il mourir comme ça, dans ce lieu sordide et de façon si misérable? C'est bizarre il s'était toujours imaginé périr en héros, sur un champ de bataille en train de terrasser un chef de guerre, après avoir décimé des dizaines de soldats. Mais là il allait crever comme un chien, seul et vulnérable en pleine nuit. Non il ne pouvait admettre cela, il n'avait pas accompli tout ce qu'il devait faire! Devait-il utiliser CE pouvoir?!

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  • Chapitre 1 (partie 1)

    Chapitre premier :

     


    barbare 1.jpgUn concert de jurons s'échappa de la baie des Ours de mer: Phaelgalis le barbare était de fort méchante humeur. La nuit avait été mouvementée avec cette tempête et il s'était retrouvé trempé jusqu'aux os, situation déplaisante pour tout barbare qui se respecte. Pour couronner le tout, ce satané Anomen lui avait intimé de sortir s'aérer l'esprit après qu'il eu presque étranglé l'aubergiste, tout ça parce qu'il n'avait plus de bière naine. Tout à marmonner ses sombres pensées, le colosse marchait d'un pas lourd ,ses énormes bottes de cuir s'enfonçant à moitié dans le sable fin, et lâchait de temps à autre des bruits qu'on n'aurait peine à croire humains. Vu de loin sa silhouette n'avait rien pour rassurer les passants, grand comme un petit ogre et pratiquement aussi lourd, Phaelgalis portait des habits fait d'un patchwork de peaux de bêtes et de pièces métalliques, son ami paladin l'avait convaincu que les coups le "piqueraient" moins de la sorte. On aurait juré qu'il avait un paire d'ailes en acier rétractées dans le dos. Fatale erreur puisqu'il s'agissait en réalité de ses deux lames Azril et Thotril, grandes chacune comme un semi homme et probablement lourdes comme deux, dont il ne se séparait jamais . Elles émerveillaient toujours les curieux par leur forme singulière en croissant de lune inversé. Le visage du barbare était étonnement fin et en réalité il aurait pu sembler beau aux jeunes filles s'il ne faisait pas si peu de cas de sa tenue. Ses cheveux couleur ébènes lui tombaient sur les épaules et dissimulaient totalement la moitié droite de son visage, son seul oeil visible semblait jaillir des ténèbres et brillait d'une lueur bleutée assez envoûtante. Ce regard justement se porta sur une forme qu'il n'avait pas distingué, perdu dans ses pensées qu'il était.

    Il lui semblait maintenant apercevoir un homme gisant sur la plage, bien que celui-ci lui paraisse plutôt maigrichon. Il décida donc de se rapprocher, histoire de voir si il n'y avait rien d'intéressant à récupérer sur la dépouille. De plus près il comprit que ce n'était pas un homme mais un jeune elfe aux cheveux couleur paille, vêtu d'une tunique couleur feuille, portant un carquois vide et un arc en bois de chêne sur le dos. Malgré son aspect frêle, Phaelgalis décela des muscles plutôt développés sous sa tunique: il s'agissait sans doute d'un guerrier aguerri, mais ce qui marqua le barbare c'était la dague à la ceinture de l'elfe qu'il venait juste de remarquer. Elle était de très bonne qualité ,comme tout ce qui est de confection elfique, mais surtout elle était sertie d'émeraudes ,et des runes magiques étaient gravées sur la lame. C'était sans aucun doute une arme royale! Alors qu'il tendait le bras pour se saisir de l'objet de sa convoitise, le mort se mit à gémir! Mince le mort était toujours vivant, une liche? Non il n'en avait pas l'air, c'est donc qu'il avait survécu à ses malheurs. Bien malgré lui le barbare se surprit à admirer la résistance de cet étranger. Survivre à toute cette eau c'est bien le propre des elfes! Il aurait pu aisément l'achever, mais Anomen n'aurait pas apprécié, il était si faible parfois. Phaelgalis se demandait pourquoi il s'encombrait d'un type avec autant de principes stupides. C'était décidé il se séparerait de ce maudit paladin à son retour! Mais bon il ne tuerait pas l'elfe histoire de lui faire un cadeau d'adieu. Et puis si l'elfe ne survivait pas à ses blessures la précieuse dague serait sienne, songea-t-il un sourire mauvais sur le coin des lèvres.

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    Le guerrier le chargea donc sur son épaule. Décidément ce petit ne pesait pas grand chose songea-t-il, il s'envolerait à la première de ses flatulences . Cette idée lui déclencha un rire puissant et une petite larme coula de ses joues. La journée ne commençait pas si mal après tout! Il ramena sans peine le rescapé jusqu'à l'auberge du Dragon enrhumé. Là l'attendait son ami Anomen, un jeune homme aux cheveux bruns impeccablement coupés, qui respirait la sérénité et la loyauté, tout ce que Phaelgalis méprisait en sorte .Son regard prit une expression horrifiée à la vue de l'elfe inanimé:
    « -Ne me dis pas que tu...!!C'est pas vrai Phaelgalis c 'est la troisième fois ce mois-ci!
    -Mais non espèce d'imbécile! Je lui ai rien fait à ce type, je l'ai trouvé à moitié mort sur la plage, il n'en a plus pour longtemps à mon avis. Tu t'imagines quoi que je suis un barbare?!
    -Faut-il vraiment que je te réponde?
    -Pff! Bon tu t'occupes du cérémonial pour ses funérailles, je vais me payer une bière, j'en ai bien besoin moi!
    -L'aubergiste ne vas pas renouveler son stock en quelques heures tu sais. Il n'a toujours pas de bière naine, juste un peu de vin elfique des hauts plateaux, si tu veux.
    -Beurk ce jus de chaussette pour donzelle?! Non merci!!Je vais faire la tournée des bars histoire de trouver un établissement plus convenable! »

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    La remarque n'avait pas manqué de faire tressaillir le taulier et Anomen s'excusa de la part de son compagnon, tandis que celui-ci claquait violemment la porte de l'établissement. Le paladin examina plus précisément l'étrange fardeau qu'on lui avait laissé. Les clients de l'auberge avaient tous les yeux rivés sur lui, et cela le mettait quelque peu mal à l'aise. L'elfe ne semblait pas avoir de blessures sérieuses, son ami serait sans doute déçu mais une simple guérison par apposition des mains et une bonne nuit de repos suffiraient à le remettre d'aplomb. Le fils du chef des Lames ardentes, régla sa note et entreprit d'installer l'étranger dans un lieu plus confortable, en l'occurrence la chambre de Phaelgalis. Il lui administra les premiers soins et se retira le temps que la victime reprenne ses forces. Seule dans sa chambre, il pensa à haute voix:
    « -Ce Phael est invivable! Il n'a aucun sens des réalités, il faut vraiment que j'use et que j'abuse des Règles et de la Mesure pour ne pas lui exprimer ma façon de penser! Enfin ce qui est fait est fait et après tout c'est mon devoir d'aider ceux qui sont dans le besoin. Je suppose qu'il ne rentrera pas avant tard ce soir, et le blessé ne risque guère de se réveiller avant demain. Autant en profiter pour aller faire un tour dans les échoppes des marchands du coin. »

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    Anomen se rendit donc dans Arziza la rue marchande de la ville . Après avoir acheté moult choses inutiles mais qui selon les vendeurs étaient du dernier chic parmi les paladins branchés, il décida de profiter du peu d'argent qui lui restait pour s'acheter un peu d'équipement. Et ma foi on ne voit pas le temps passer quand on admire les belles armes!

  • Les brumes de l'abîme : Prologue

    Prologue :

     

    vernet_tempete_detail.jpg « -Beuarghh!! » Arthalas venait de rendre pour la troisième fois son déjeuner par delà la rambarde de La Marie Galante: il lui semblait à chaque fois distinguer le menu de la semaine passée. De mémoire d'homme, certains disaient même de mémoire d'elfe, on n'avait jamais vu pareille tempête. De véritables murs d'eau soulevaient le minuscule navire marchand de Sombreval, et les remous le portaient en tous sens, comme une miette de pain sur le ventre replet d'un ogre. Il était difficile de décrire ce spectacle offert par la nature: tout d'abord parce qu'on n'y voyait pas plus loin que le bras d'un nain , et ensuite parce que même dans nos pires cauchemars on ne pourrait se l'imaginer. Le jeune elfe se sentait bien loin de sa forêt natale, là perdu au milieu du chaos où des sons inquiétants rivalisaient de puissance pour se faire entendre. Il ne pouvait dire qui du fracas du tonnerre, des claquements de la houle, du craquement sinistre du navire, ou du bruit assourdissant du vent percerait ses tympans en premier. Les vieux loups de mer disaient dans leurs barbes que tous les marins morts sur la mer du Brisant, s'étaient réveillés et hurlaient leur tristesse et leur haine aux vivants. Mais plus que ces racontars et métaphores effrayantes, c'était surtout les visages fermés des marins et l'état lamentable du navire qui préoccupaient Arthalas. Le capitaine Oeildiurne avait le regard voilé et la gorge serrée:

    « -Par les dieux faîtes que ma petite s'en sorte, elle est toute ma vie! Soyez maudits démons des flots obscurs! Vous ne nous aurez pas, bande de chiens galeux! » hurla-t-il de toutes ses forces sans pour autant couvrir le vacarme extérieur.


    Des larmes de tristesse et de frustration perlaient le long de ses joues. Comment Arthalas pouvait-il le savoir alors que la capitaine était trempé comme un linge? Il y a des choses qui ne s'expliquent pas par la raison mais se découvrent avec le cœur. Perdus seuls et vulnérables au sein d'un enfer aquatique, les membres de l'équipage entonnèrent un chant funèbre semblable à celui que chantaient leurs ancêtres pour dire au revoir à ce monde, et prièrent un à un tous leurs dieux. Bien que peu porté sur la religion, Arthalas se surprit à marmonner une prière. Quel que soit le dieu qui l'entendrait, il ne devait pas le laisser sombrer avec la Marie Galante. Il ne devait pas mourir, pas comme ça, pas avant d'avoir accompli sa mission.

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