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Les brumes de l'abîme : Prologue

Prologue :

 

vernet_tempete_detail.jpg « -Beuarghh!! » Arthalas venait de rendre pour la troisième fois son déjeuner par delà la rambarde de La Marie Galante: il lui semblait à chaque fois distinguer le menu de la semaine passée. De mémoire d'homme, certains disaient même de mémoire d'elfe, on n'avait jamais vu pareille tempête. De véritables murs d'eau soulevaient le minuscule navire marchand de Sombreval, et les remous le portaient en tous sens, comme une miette de pain sur le ventre replet d'un ogre. Il était difficile de décrire ce spectacle offert par la nature: tout d'abord parce qu'on n'y voyait pas plus loin que le bras d'un nain , et ensuite parce que même dans nos pires cauchemars on ne pourrait se l'imaginer. Le jeune elfe se sentait bien loin de sa forêt natale, là perdu au milieu du chaos où des sons inquiétants rivalisaient de puissance pour se faire entendre. Il ne pouvait dire qui du fracas du tonnerre, des claquements de la houle, du craquement sinistre du navire, ou du bruit assourdissant du vent percerait ses tympans en premier. Les vieux loups de mer disaient dans leurs barbes que tous les marins morts sur la mer du Brisant, s'étaient réveillés et hurlaient leur tristesse et leur haine aux vivants. Mais plus que ces racontars et métaphores effrayantes, c'était surtout les visages fermés des marins et l'état lamentable du navire qui préoccupaient Arthalas. Le capitaine Oeildiurne avait le regard voilé et la gorge serrée:

« -Par les dieux faîtes que ma petite s'en sorte, elle est toute ma vie! Soyez maudits démons des flots obscurs! Vous ne nous aurez pas, bande de chiens galeux! » hurla-t-il de toutes ses forces sans pour autant couvrir le vacarme extérieur.


Des larmes de tristesse et de frustration perlaient le long de ses joues. Comment Arthalas pouvait-il le savoir alors que la capitaine était trempé comme un linge? Il y a des choses qui ne s'expliquent pas par la raison mais se découvrent avec le cœur. Perdus seuls et vulnérables au sein d'un enfer aquatique, les membres de l'équipage entonnèrent un chant funèbre semblable à celui que chantaient leurs ancêtres pour dire au revoir à ce monde, et prièrent un à un tous leurs dieux. Bien que peu porté sur la religion, Arthalas se surprit à marmonner une prière. Quel que soit le dieu qui l'entendrait, il ne devait pas le laisser sombrer avec la Marie Galante. Il ne devait pas mourir, pas comme ça, pas avant d'avoir accompli sa mission.

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