Les brumes de l'abîme : chapitre 4 (partie 2)
Hélas leur moral déclina à mesure qu’ils approchaient de la ville : la végétation s’était faîte plus rare ne laissant qu’un sol aride et grisâtre, et l’air devenait de moins en moins respirable. Quand enfin ils purent apercevoir la ville de Jurissima, ils eurent la désagréable surprise de la voir baigner dans un nuage noirâtre et nauséabond. Il s’agissait d’une cité de belle dimension où des tours d’acier poussaient comme des champignons, les rues étaient recouvertes d’une étrange substance noires mais néanmoins solide, et nulle plante ne semblait pouvoir y survivre. Tout fantaisie avait déserté l’architecture des bâtiments, aucune infrastructure n’était superflue d’ailleurs : nulle trace de statues, nulle trace de jardins, nulle trace de joie à l’horizon. Lorsque les Frères se mirent à arpenter les rues, ils furent frappés par la vitesse à laquelle se déplaçaient les habitants : personne ne ralentissait, personne ne discutait, tout le monde semblait s’afférer à une tâche absorbante. Les compagnons furent bousculés de toutes parts, sans que jamais personne ne s’excuse. Mais le plus horrible, était que le visage de chaque individu était dissimulé par un voile brumeux, et rien ne permettait de les distinguer pas même leur façon de s’habiller. Ils vivaient dans leur monde, sans réagir à leur environnement extérieur. Le groupe malgré la fatigue occasionnée par leur longue marche, et leurs traits tirés, avait l’air de rayonner de vitalité et de gaieté comparé à ces spectres ambulants !
Tandis qu’ils progressaient dans cet univers étrange, où tout semblait avoir sa place et rien laissé au hasard, ils remarquèrent sur le bord d’un trottoir, un individu différent de la masse uniforme dans laquelle ils évoluaient. Ils s’approchèrent prudemment jusqu’à pouvoir apercevoir son visage : une momie aurait eu meilleure allure ! D’une maigreur cadavérique, il avait le visage rongé par la dénutrition et la maladie, aucune étincelle de vie ne semblait briller dans son regard. Profondément choqué par cette vision, Anomen se pencha sur le malheureux et le regarda fixement le regard plein de pitié :
« - Mon pauvre ami, que vous est-il arrivé ? Pourquoi vos compatriotes ne vous aident-ils pas ?
- Qui êtes-vous ?! Que me voulez-vous ?! Ne voyez-vous pas que l’on m’a déjà tout pris ? Bande de rapaces, de chiens galleux, laissez moi en paix !!
- Doucement papy ! On te veut pas de mal, c’est juste que tu sembles être le seul type à visage humain dans les environs, enfin humain c’est vite dit ! Disons que t’as le mérite d’avoir un visage…
- Arrête ça Phaelgalis ! Désolé de vous importuner monsieur, mais nous nous inquiétons simplement pour vous. intervint Anomen
- Ha ! Ha ! Vous vous inquiétez pour moi ? Mais d’où vous sortez vous tous les cinq, du plan des clowns démoniaques ? J’ai jamais rien entendu d’aussi drôle ! Sachez qu’ici on ne s’inquiète pas d’autre chose que de sa productivité ! Il fut pris d’une quinte de toux. Bah après tout pourquoi pas ? Bientôt je serais mort de faim ou d’ennui de toutes façons ! Qu’est-ce que vous voulez savoir ?
- Votre histoire pour commencer, pourquoi êtes-vous différent des autres ? Et par la suite nous aimerions savoir si nous pouvons faire quelque chose pour vous aider.
- Ho ! Ho ! Ho ! Votre voix est tellement remplie de compassion que ça en devient écoeurant ! Mais si vous voulez tout savoir je suis un improductif, et en tant que tel je paie les pots cassés. J’ai pas toujours été comme ça, ha ça non ! Il fut un temps lointain, il y a deux semaines je crois, où j’étais un travailleur hors pair, ma fonction de production était une des plus élevée de la ville ! Je ne dormais jamais, je ne perdais jamais mon temps, j’étais un être absolument pur et parfait. Mon malheur a commencé lorsque j’ai rencontré cet être souillé par la flânerie et l’idéalisme, il est venu me voir à mon bureau, en habits décontractés, les cheveux mal peignés et aucun dossier sous le bras : un vrai monstre, un peu comme vous d’ailleurs ! Il m’a tenu des propos incohérents sur un autre monde, où chacun pourrait s’épanouir, laissant libre cours à sa créativité, un monde où les sentiments auraient le même statut que la sacro sainte rationalité ! Un monde plus respectueux de la nature et des hommes, un monde plus égalitaire, un monde plus libre aussi ! Ce type est dingue : un monde plus libre ? Nous sommes libres, pas d’Etat, pas de roi, juste quelques patrons et directeur de production c’est tout ! Et puis si la liberté, c’est également la liberté de rêver, de voyager, de s’ouvrir aux autres c’est un concept horrible : tout cela ne produit rien, ça n’est pas rentable ! J’ai donc fait renvoyer cet homme par les troupes d’élites de la ville, qui lui ont brisé la nuque en essayant de le maîtriser ! Hélas ce vil agent non économique a eu le temps de me contaminer. Il m’a fait me poser une question, une simple petite question qui en appelait en réalité des milliers d’autres : Pourquoi ? Pourquoi quelqu'un en était venu à penser de la sorte ? Notre système n’est-il pas parfait ? Depuis ces questions me trottent dans le cerveau sans que je puisse m’en débarrasser ! Penser est une perte de temps, j’ai donc perdu en productivité et moins je m’activais plus je doutais, je suis tombé dans le piège vicieux de ce rebut de la société ! J’ai été mis au ban de ce monde parfait, le voile brumeux autour de me yeux s’est soudain évanoui, révélant la noirceur de ce monde ! Maintenant il est probable que je meure dans les prochains jours, le mieux que vous ayez à faire est de me laisser tranquille. Acheva-t-il le regard dans le vide.
- Non ce n’est pas vrai la vie n’est pas noire, le bien existe dans ce monde ! Venez avec nous et vous verrez à quel point c’est agréable de voyager et de respirer un air pur ! s’emporta le paladin
- Fichez moi le camp, espèce d’utopiste à la petite semaine !
- Hé bien ouais, le monde peut être noir, comme il peut être sympa parfois. Et alors ? Faut-il pour autant se lamenter constamment ou entrer dans une petite bulle pour s’en prémunir ? La fumée qui t’empêchait de voir une autre réalité s’est dissipée : tu peux rester là à te laisser crever en maudissant ton sort, ou tu peux faire preuve de curiosité et voir ce qui se passe ailleurs ! On ne peut être éternellement heureux, ou ne jamais rencontrer d’obstacles, on passe son temps à alterner différentes phases à une fréquence plus ou moins élevée. A toi de jouir de tous tes moments agréables, et de te battre pour que les mauvais moments soient le plus court possible. Si tu as de la chance tu trouveras des personnes pour t’accompagner sur le chemin qui te mènera un jour à ta mort. Certaines resteront et beaucoup partiront, ta douleur rendra alors plus grande encore ta joie de trouver un nouveau compagnon par la suite. C’est ce qu’on appelle la vie, cherche y un sens si tu veux, ou profite en pleinement, ou maudis la après tout, ce n’est pas à moi de te dire quel chemin tu dois prendre ni comment tu dois l’arpenter ! Pour ma part j’ai choisi de croire en l’avenir, de profiter de ma vie à fond : moi aussi je me pose des questions, moi aussi je change, c’est notre lot à tous ! Simplement quand un changement ne me convient pas, je fais mon possible pour prendre une autre voie ! Le fatalisme ne mène nulle part, et même si je ne dis pas que l’optimisme mène quelque part au moins tu auras essayé. Tu as les clés en main à toi de voir ! épilogua Phaelgalis
- Arrête ! Je ne veux pas t’écouter, va-t-en, hors de ma vue !!! hurla le mendiant
- Qu’il en soit ainsi, je ne peux te forcer à rien, si tel est ton choix je le respecterais, même si j’espère pour toi que tu te ressaisiras avant qu’il ne soit trop tard ! Juste une dernière question, selon toi qui tient les rennes de ce système ? dit le barbare l’air las.
- Certains prétendent qu’un monstre de papier nous contrôle tous en échange de sa protection. Ce monstre selon ces mêmes personnes, ce serait éloigné de ses buts premiers, ne servant plus que les plus forts ! Foutaises si tu veux mon avis, barbare répugnant !
- J’irais trouver ce monstre de papier et je lui ferais la peau ! Bon vent à toi, l’ami. » conclut Phaelgalis, l’air plus grave qu’il ne l’aurait voulu.
Le groupe s’éloigna à contrecoeur de ce triste individu, et Anomen tiraillé par son devoir de paladin n’y tint plus et interpella le barbare :
« - Il faut faire quelque chose pour lui venir en aide ! J’y retourne !
- Cela ne servira à rien. Répondit simplement Phael
- Et pourquoi ça, je refuse de laisser un homme dans une telle misère ! Il va mourir comme un chien dans la rue ! N’as-tu donc pas de cœur ?!
- Sa misère ne tient pas seulement en l’argent, ce n’est pas un mendiant ordinaire comme on en voit dans les cités. Cette personne souffre plus profondément que cela, elle a été rejetée d’un système auquel elle adhérait totalement, c’est bien ça le pire, elle n’arrive plus à concevoir la vie autrement : elle est résignée à attendre sa mort ! Tu ne peux pas l’aider dans l’immédiat, il est trop faible pour que nous le transportions, et le cœur des hommes autour de nous s’est refermé, il n’y a aucune structure pour l’aider alentour. Moi aussi ça me rend malade ! Mais ton approche n’était pas la bonne, ces gens n’ont pas besoin de ta pitié, ils ont besoin de retrouver confiance en eux ! Que cela t’amène à réfléchir sur le système de l’église solamnique : vous entendez jouer un rôle durable, alors que votre action devrait dans l’absolu ne pas avoir de raison d’être, ou au pire n’être que transitoire. Si tu veux vraiment que ce genre de situation cesse, plus que prêcher la parole de ton dieu, tu devrais œuvrer pour transformer le système. Créer une société basée sur la tolérance, à même de laisser les gens s’épanouir, une société où la concurrence ne serait que secondaire, bref une société qui ne laisserait personne sur le côté. Mais après tout je ne suis qu’un barbare, donc forcément je ne dis que des choses stupides et j’agis de façon stupide : d’ailleurs je suis stupide que je me suis dit que pour aider ce type le mieux était de s’attaquer au cœur du système ! En mettant le feu à cet hypothétique monstre de papier !
- Je ne savais pas que les barbares pouvaient philosopher ! La grosse brute au grand cœur, quand tu tues les gens tu le fais par compassion aussi ? le railla le mage.
- Toi espèce de sale mage, je vais te faire bouffer ta barbe ! s’énerva Phael
- Ouais vas-y Phaelgalis, je suis avec toi ! intervint Rolimbo
- Non, moi j’ai rien dit, laissez-moi tranquille, non !!! » hurla l’elfe face à la charge de deux guerriers
Après une petite bagarre amicale, le paladin un peu confus, finit par déclarer :
« - Je ne suis pas d’accord avec tout ce que tu viens de dire ! Mais il y a un fond de vérité, voyons si ce monstre existe et les cas échéant éliminons le ! »
C’est ainsi qu’ils décidèrent de se rendre dans le bâtiment central de la ville pour mettre un terme à tout ceci ! Ils expédièrent les quelques gardes dans l’autre monde et après avoir défoncé quelques crânes et quelques portes, ils parvinrent enfin au sommet. Le cœur battant ils ouvrirent le gigantesque portail d’entrée, s’attendant au pire : une vive lumière ainsi qu’une odeur de vieux papier et de renfermé les assaillirent. C’est alors qu’ils virent le fameux monstre de papier !!!
Il se tenait là devant eux, de toute son immensité ! Son corps n’était qu’un amoncellement de feuilles jaunies par les ans, sa nature polycéphale déconcerta nos compagnons qui dans le doute chargèrent une à une les immenses colonnes de papier ! Plus ils tranchaient dans le vif, et plus il semblait y avoir de papier à occire ! Soudain une voix retentit derrière eux, une homme d’une quarantaine d’années, le crâne dégarnie et le teint pâle de ceux qui ne voient que rarement le jour, les toisait du regard l’air indigné derrière ses lunettes de vue, très moches par ailleurs :
« - Mais que signifie cela ? Qui ose mettre en pièces mes précieux dossiers ?! Plus de dix années de classement réduit en confettis, c’est une honte ! C’est un scandale ! Je vais faire quérir la garde sur le champ !
- Y’a plus de garde, petit chauve binoclard ! Il n’y a plus non plus de monstre de papier ! Vous voilà tous libres ! déclara Phaelgalis.
- Oui finalement il n’était pas si terrible que ça ! J’ai du mal à croire qu’une créature aussi faible ait pu asservir une aussi grande ville ! se réjouit le paladin.
- Mais qu’est-ce que vous racontez, bon sang ! Les seuls monstres ici c’est vous ! Vous venez de réduire à néant toute une vie de travail, espèces d’imbéciles ! s’époumona le petit chauve.
- Vous voulez dire qu’il n’y avait pas de monstre ? Mais où se cache-t-il alors ? Pourquoi tant de gens accepteraient-ils de vivre dans un système aussi aliénant sinon ? s’interrogea Anomen.
- Mais d’où vous débarquez-vous ? Notre système n’est en aucun cas basé sur le pouvoir d’une quelconque créature démoniaque ! Il est le fruit de plusieurs siècles de tractations juridiques, de luttes sémiologiques et de jurisprudence ! Seulement voilà les gens cherchent toujours de la magie partout où il n’y a que des constructions historiques. Enfin là je dois dire que vous êtes les premiers à aller si loin ! Toute domination ne se base qu’en partie sur la violence et la menace physique, avec le temps les gens intériorisent ce système rendant inutile les démonstrations de force initiales. Et quelque part ces sujets ont quelque chose à y gagner : la perspective d’une vie sans questions et l’espoir totalement factice, car le pouvoir et les richesses restent globalement concentrés, de s’enrichir un jour par le travail pour le travail. À terme ils se sont tellement investis dans le système, que cela en devient une drogue pour eux et ainsi ils sont pris au piège. Pour cela on leur serine dès la naissance des tonnes d’idées préconçues, et de rêve préfabriqués, on leur fait perdre le goût de l’humour, de l’amour, et on leur apprend à écraser les faibles ! Le fait est que vous pouvez toujours trancher toutes les têtes que vous voulez, occire des dizaines de monstres, vous ne ferez pas tomber le système à moins d’en connaître tous les rouages, et de s’investir des années durant dans un travail d’éveil des habitants de Jurissima ! C’est là ce qui fait notre force, et je ne pense pas qu’une bande de simplets dans votre genre puisse faire quelque chose ! jubila leur interlocuteur.
- Mais vous, vous les connaissez ces rouages ! Pourquoi diable ne faîtes vous rien pour changer les choses ?! s’indigna Anomen.
- J’étais une sorte d’utopiste il y longtemps, moi aussi je désirais plus que tout changer les choses ! J’ai donc étudié consciencieusement les secrets de Jurissima, les logiques sous-jacentes à ces phénomènes. Par mon travail j’ai brisé cet écran de fumé qui obstruait ma vision de mon environnement ! Mais, j’étais allé si loin, je m’étais tellement investi que lorsque le moment d’agit fut venu, je me suis dit que j’avais tout à y perdre et pas grand-chose à y gagner ! Le voile brumeux autour des yeux de mes concitoyens, n’est finalement que la matérialisation de celui qui enserre nos cœurs ! J’ai fini par voir clair, mais je ne me suis pas débarrasser de cette entrave invisible : du stade de son plus farouche opposant, je suis devenu un des meilleurs garant de ce système ! Combien de vies ai-je ruiné ? Je ne sais plus, et je m’en moque ! L’essentiel est que j’ai un certain pouvoir, et que je sache, ce qui en somme me rend supérieur à cette masse uniforme ! Ha ! Ha ! » s’esclaffa l’homme le regard plein de folie
Très irrité par les dires de cet individu, Phaelgalis le saisit prestement par le col de sa robe de magistrat et l’envoya imiter les elfes ailés par la fenêtre de la pièce ! Peu après le bruit occasionné par les bris de verre, on entendit le craquement caractéristique d’une colonne vertébrale qui explose.
« -Je ne suis peut être qu’un barbare, je tue des gens à longueur de journée, mais je ne suis pas un lâche ! Je combats toujours en face à face, et je risque ma vie à chaque instant, c’est comme ça que j’ai grandi et que je vis. Je ne dis pas que c’est bien, mais au moins je n’assujetti personne, je ne brise pas leur humanité et je ne me sens pas supérieur à eux ! Tu n’as eu que ce que tu mérites, c’est tout ce que je pouvais faire et je l’ai fait. Le monstre ne se trouve pas dans ces amoncellements de papier, mais dans le cœur des hommes de ton genre ! Sois maudit ! » cracha Phaelgalis.
Dans les dix secondes qui suivirent, une troupe d’élite dépêchée par les autorités suite au carnage de nos amis, pénétra dans le bureau et encercla le petit groupe. Un haut prélat s’avança le visage impassible, sortit une feuille remplie d’injonctions écrites et commença à la lire :
« - Suite à vos exactions dans le bureau des contributions, le tribunal vous a reconnu coupable de crime d’homicide volontaire sur la personne du magistrat 7201-467 DC. Ce forfait est passible de la peine capitale et la sanction est applicable immédiatement. Néanmoins, après réexamen de la chute de mon subordonné, il est apparu qu’il a mit trois fois moins de temps à atteindre le rez-de-chaussée, soit une hausse de productivité de près de 200 points, si l’on considère toutefois le rajout d’un matelas ou deux en bas de chaque bâtiment. Dans ces conditions et compte tenu de la jurisprudence de l’arrêt 567-CC du Conseil des Sceaux dit « Société des ascenseurs Hobgobelins et des rochers Polymorphico-hémoiroidique des Sauges », les présents accusés sont acquittés et recevront une récompense pour service rendu de l’ordre de 600 piastres, auxquels nous déduirons les frais de dossiers à savoir 200 piastres. A cette missive s’ajoute l’obligation pour les cinq prévenus de quitter Jurissima dans les meilleurs délais, sous peine de sanctions administratives lourdes. » Acheva-t-il sur un ton monocorde.
On leur remit la somme convenue, et c’est sous bonne escorte que le groupe médusé fut reconduit aux portes de la ville. Au vu du déploiement spectaculaire de force des autorités, toute résistance aurait été vaine et c’est dans la confusion la plus totale, et avec un arrière goût amer sur la langue, qu’ils regagnèrent les plaines de Mokhiosis. Leur belle épopée avait fait long feu, et il ne leur restait guère que leur frustration. Pourtant au fond de lui, Phaelgalis, se jura de revenir un jour sauver ces pauvres hères de leur funeste destin : ce monstre de papier devait forcément exister, l’autre n’avait dit que des mensonges pour leur prouver le contraire, mais il savait bien que c’était faux. Ca devait être faux ! C’est sur ces considération qu’il s’enfonça plus avant à la suite de ses amis, dans l’immensité dorée de cet océan de hautes herbes.