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  • Les brumes de l'abîme : chapitre 4 (partie 2)

    sinister.jpgHélas leur moral déclina à mesure qu’ils approchaient de la ville : la végétation s’était faîte plus rare ne laissant qu’un sol aride et grisâtre, et l’air devenait de moins en moins respirable. Quand enfin ils purent apercevoir la ville de Jurissima, ils eurent la désagréable surprise de la voir baigner dans un nuage noirâtre et nauséabond. Il s’agissait d’une cité de belle dimension où des tours d’acier poussaient comme des champignons, les rues étaient recouvertes d’une étrange substance noires mais néanmoins solide, et nulle plante ne semblait pouvoir y survivre. Tout fantaisie avait déserté l’architecture des bâtiments, aucune infrastructure n’était superflue d’ailleurs : nulle trace de statues, nulle trace de jardins, nulle trace de joie à l’horizon. Lorsque les Frères se mirent à arpenter les rues, ils furent frappés par la vitesse à laquelle se déplaçaient les habitants : personne ne ralentissait, personne ne discutait, tout le monde semblait s’afférer à une tâche absorbante. Les compagnons furent bousculés de toutes parts, sans que jamais personne ne s’excuse. Mais le plus horrible, était que le visage de chaque individu était dissimulé par un voile brumeux, et rien ne permettait de les distinguer pas même leur façon de s’habiller. Ils vivaient dans leur monde, sans réagir à leur environnement extérieur. Le groupe malgré la fatigue occasionnée par leur longue marche, et leurs traits tirés, avait l’air de rayonner de vitalité et de gaieté comparé à ces spectres ambulants !

    Tandis qu’ils progressaient dans cet univers étrange, où tout semblait avoir sa place et rien laissé au hasard, ils remarquèrent sur le bord d’un trottoir, un individu différent de la masse uniforme dans laquelle ils évoluaient. Ils s’approchèrent prudemment jusqu’à pouvoir apercevoir son visage : une momie aurait eu meilleure allure ! D’une maigreur cadavérique, il avait le visage rongé par la dénutrition et la maladie, aucune étincelle de vie ne semblait briller dans son regard. Profondément choqué par cette vision, Anomen se pencha sur le malheureux et le regarda fixement le regard plein de pitié :
    « - Mon pauvre ami, que vous est-il arrivé ? Pourquoi vos compatriotes ne vous aident-ils pas ?
    - Qui êtes-vous ?! Que me voulez-vous ?! Ne voyez-vous pas que l’on m’a déjà tout pris ? Bande de rapaces, de chiens galleux, laissez moi en paix !!
    - Doucement papy ! On te veut pas de mal, c’est juste que tu sembles être le seul type à visage humain dans les environs, enfin humain c’est vite dit ! Disons que t’as le mérite d’avoir un visage…
    - Arrête ça Phaelgalis ! Désolé de vous importuner monsieur, mais nous nous inquiétons simplement pour vous. intervint Anomen
    - Ha ! Ha ! Vous vous inquiétez pour moi ? Mais d’où vous sortez vous tous les cinq, du plan des clowns démoniaques ? J’ai jamais rien entendu d’aussi drôle ! Sachez qu’ici on ne s’inquiète pas d’autre chose que de sa productivité ! Il fut pris d’une quinte de toux. Bah après tout pourquoi pas ? Bientôt je serais mort de faim ou d’ennui de toutes façons ! Qu’est-ce que vous voulez savoir ?
    - Votre histoire pour commencer, pourquoi êtes-vous différent des autres ? Et par la suite nous aimerions savoir si nous pouvons faire quelque chose pour vous aider.

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    - Ho ! Ho ! Ho ! Votre voix est tellement remplie de compassion que ça en devient écoeurant ! Mais si vous voulez tout savoir je suis un improductif, et en tant que tel je paie les pots cassés. J’ai pas toujours été comme ça, ha ça non ! Il fut un temps lointain, il y a deux semaines je crois, où j’étais un travailleur hors pair, ma fonction de production était une des plus élevée de la ville ! Je ne dormais jamais, je ne perdais jamais mon temps, j’étais un être absolument pur et parfait. Mon malheur a commencé lorsque j’ai rencontré cet être souillé par la flânerie et l’idéalisme, il est venu me voir à mon bureau, en habits décontractés, les cheveux mal peignés et aucun dossier sous le bras : un vrai monstre, un peu comme vous d’ailleurs ! Il m’a tenu des propos incohérents sur un autre monde, où chacun pourrait s’épanouir, laissant libre cours à sa créativité, un monde où les sentiments auraient le même statut que la sacro sainte rationalité ! Un monde plus respectueux de la nature et des hommes, un monde plus égalitaire, un monde plus libre aussi ! Ce type est dingue : un monde plus libre ? Nous sommes libres, pas d’Etat, pas de roi, juste quelques patrons et directeur de production c’est tout ! Et puis si la liberté, c’est également la liberté de rêver, de voyager, de s’ouvrir aux autres c’est un concept horrible : tout cela ne produit rien, ça n’est pas rentable ! J’ai donc fait renvoyer cet homme par les troupes d’élites de la ville, qui lui ont brisé la nuque en essayant de le maîtriser ! Hélas ce vil agent non économique a eu le temps de me contaminer. Il m’a fait me poser une question, une simple petite question qui en appelait en réalité des milliers d’autres : Pourquoi ? Pourquoi quelqu'un en était venu à penser de la sorte ? Notre système n’est-il pas parfait ? Depuis ces questions me trottent dans le cerveau sans que je puisse m’en débarrasser ! Penser est une perte de temps, j’ai donc perdu en productivité et moins je m’activais plus je doutais, je suis tombé dans le piège vicieux de ce rebut de la société ! J’ai été mis au ban de ce monde parfait, le voile brumeux autour de me yeux s’est soudain évanoui, révélant la noirceur de ce monde ! Maintenant il est probable que je meure dans les prochains jours, le mieux que vous ayez à faire est de me laisser tranquille. Acheva-t-il le regard dans le vide.
    - Non ce n’est pas vrai la vie n’est pas noire, le bien existe dans ce monde ! Venez avec nous et vous verrez à quel point c’est agréable de voyager et de respirer un air pur ! s’emporta le paladin
    - Fichez moi le camp, espèce d’utopiste à la petite semaine !

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    - Hé bien ouais, le monde peut être noir, comme il peut être sympa parfois. Et alors ? Faut-il pour autant se lamenter constamment ou entrer dans une petite bulle pour s’en prémunir ? La fumée qui t’empêchait de voir une autre réalité s’est dissipée : tu peux rester là à te laisser crever en maudissant ton sort, ou tu peux faire preuve de curiosité et voir ce qui se passe ailleurs ! On ne peut être éternellement heureux, ou ne jamais rencontrer d’obstacles, on passe son temps à alterner différentes phases à une fréquence plus ou moins élevée. A toi de jouir de tous tes moments agréables, et de te battre pour que les mauvais moments soient le plus court possible. Si tu as de la chance tu trouveras des personnes pour t’accompagner sur le chemin qui te mènera un jour à ta mort. Certaines resteront et beaucoup partiront, ta douleur rendra alors plus grande encore ta joie de trouver un nouveau compagnon par la suite. C’est ce qu’on appelle la vie, cherche y un sens si tu veux, ou profite en pleinement, ou maudis la après tout, ce n’est pas à moi de te dire quel chemin tu dois prendre ni comment tu dois l’arpenter ! Pour ma part j’ai choisi de croire en l’avenir, de profiter de ma vie à fond : moi aussi je me pose des questions, moi aussi je change, c’est notre lot à tous ! Simplement quand un changement ne me convient pas, je fais mon possible pour prendre une autre voie ! Le fatalisme ne mène nulle part, et même si je ne dis pas que l’optimisme mène quelque part au moins tu auras essayé. Tu as les clés en main à toi de voir ! épilogua Phaelgalis
    - Arrête ! Je ne veux pas t’écouter, va-t-en, hors de ma vue !!! hurla le mendiant
    - Qu’il en soit ainsi, je ne peux te forcer à rien, si tel est ton choix je le respecterais, même si j’espère pour toi que tu te ressaisiras avant qu’il ne soit trop tard ! Juste une dernière question, selon toi qui tient les rennes de ce système ? dit le barbare l’air las.
    - Certains prétendent qu’un monstre de papier nous contrôle tous en échange de sa protection. Ce monstre selon ces mêmes personnes, ce serait éloigné de ses buts premiers, ne servant plus que les plus forts ! Foutaises si tu veux mon avis, barbare répugnant !
    - J’irais trouver ce monstre de papier et je lui ferais la peau ! Bon vent à toi, l’ami. » conclut Phaelgalis, l’air plus grave qu’il ne l’aurait voulu.

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    Le groupe s’éloigna à contrecoeur de ce triste individu, et Anomen tiraillé par son devoir de paladin n’y tint plus et interpella le barbare :
    « - Il faut faire quelque chose pour lui venir en aide ! J’y retourne !
    - Cela ne servira à rien. Répondit simplement Phael
    - Et pourquoi ça, je refuse de laisser un homme dans une telle misère ! Il va mourir comme un chien dans la rue ! N’as-tu donc pas de cœur ?!
    - Sa misère ne tient pas seulement en l’argent, ce n’est pas un mendiant ordinaire comme on en voit dans les cités. Cette personne souffre plus profondément que cela, elle a été rejetée d’un système auquel elle adhérait totalement, c’est bien ça le pire, elle n’arrive plus à concevoir la vie autrement : elle est résignée à attendre sa mort ! Tu ne peux pas l’aider dans l’immédiat, il est trop faible pour que nous le transportions, et le cœur des hommes autour de nous s’est refermé, il n’y a aucune structure pour l’aider alentour. Moi aussi ça me rend malade ! Mais ton approche n’était pas la bonne, ces gens n’ont pas besoin de ta pitié, ils ont besoin de retrouver confiance en eux ! Que cela t’amène à réfléchir sur le système de l’église solamnique : vous entendez jouer un rôle durable, alors que votre action devrait dans l’absolu ne pas avoir de raison d’être, ou au pire n’être que transitoire. Si tu veux vraiment que ce genre de situation cesse, plus que prêcher la parole de ton dieu, tu devrais œuvrer pour transformer le système. Créer une société basée sur la tolérance, à même de laisser les gens s’épanouir, une société où la concurrence ne serait que secondaire, bref une société qui ne laisserait personne sur le côté. Mais après tout je ne suis qu’un barbare, donc forcément je ne dis que des choses stupides et j’agis de façon stupide : d’ailleurs je suis stupide que je me suis dit que pour aider ce type le mieux était de s’attaquer au cœur du système ! En mettant le feu à cet hypothétique monstre de papier !
    - Je ne savais pas que les barbares pouvaient philosopher ! La grosse brute au grand cœur, quand tu tues les gens tu le fais par compassion aussi ? le railla le mage.
    - Toi espèce de sale mage, je vais te faire bouffer ta barbe ! s’énerva Phael
    - Ouais vas-y Phaelgalis, je suis avec toi ! intervint Rolimbo
    - Non, moi j’ai rien dit, laissez-moi tranquille, non !!! » hurla l’elfe face à la charge de deux guerriers
    Après une petite bagarre amicale, le paladin un peu confus, finit par déclarer :
    « - Je ne suis pas d’accord avec tout ce que tu viens de dire ! Mais il y a un fond de vérité, voyons si ce monstre existe et les cas échéant éliminons le ! »
    C’est ainsi qu’ils décidèrent de se rendre dans le bâtiment central de la ville pour mettre un terme à tout ceci ! Ils expédièrent les quelques gardes dans l’autre monde et après avoir défoncé quelques crânes et quelques portes, ils parvinrent enfin au sommet. Le cœur battant ils ouvrirent le gigantesque portail d’entrée, s’attendant au pire : une vive lumière ainsi qu’une odeur de vieux papier et de renfermé les assaillirent. C’est alors qu’ils virent le fameux monstre de papier !!!

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    Il se tenait là devant eux, de toute son immensité ! Son corps n’était qu’un amoncellement de feuilles jaunies par les ans, sa nature polycéphale déconcerta nos compagnons qui dans le doute chargèrent une à une les immenses colonnes de papier ! Plus ils tranchaient dans le vif, et plus il semblait y avoir de papier à occire ! Soudain une voix retentit derrière eux, une homme d’une quarantaine d’années, le crâne dégarnie et le teint pâle de ceux qui ne voient que rarement le jour, les toisait du regard l’air indigné derrière ses lunettes de vue, très moches par ailleurs :
    « - Mais que signifie cela ? Qui ose mettre en pièces mes précieux dossiers ?! Plus de dix années de classement réduit en confettis, c’est une honte ! C’est un scandale ! Je vais faire quérir la garde sur le champ !
    - Y’a plus de garde, petit chauve binoclard ! Il n’y a plus non plus de monstre de papier ! Vous voilà tous libres ! déclara Phaelgalis.
    - Oui finalement il n’était pas si terrible que ça ! J’ai du mal à croire qu’une créature aussi faible ait pu asservir une aussi grande ville ! se réjouit le paladin.
    - Mais qu’est-ce que vous racontez, bon sang ! Les seuls monstres ici c’est vous ! Vous venez de réduire à néant toute une vie de travail, espèces d’imbéciles ! s’époumona le petit chauve.
    - Vous voulez dire qu’il n’y avait pas de monstre ? Mais où se cache-t-il alors ? Pourquoi tant de gens accepteraient-ils de vivre dans un système aussi aliénant sinon ? s’interrogea Anomen.
    - Mais d’où vous débarquez-vous ? Notre système n’est en aucun cas basé sur le pouvoir d’une quelconque créature démoniaque ! Il est le fruit de plusieurs siècles de tractations juridiques, de luttes sémiologiques et de jurisprudence ! Seulement voilà les gens cherchent toujours de la magie partout où il n’y a que des constructions historiques. Enfin là je dois dire que vous êtes les premiers à aller si loin ! Toute domination ne se base qu’en partie sur la violence et la menace physique, avec le temps les gens intériorisent ce système rendant inutile les démonstrations de force initiales. Et quelque part ces sujets ont quelque chose à y gagner : la perspective d’une vie sans questions et l’espoir totalement factice, car le pouvoir et les richesses restent globalement concentrés, de s’enrichir un jour par le travail pour le travail. À terme ils se sont tellement investis dans le système, que cela en devient une drogue pour eux et ainsi ils sont pris au piège. Pour cela on leur serine dès la naissance des tonnes d’idées préconçues, et de rêve préfabriqués, on leur fait perdre le goût de l’humour, de l’amour, et on leur apprend à écraser les faibles ! Le fait est que vous pouvez toujours trancher toutes les têtes que vous voulez, occire des dizaines de monstres, vous ne ferez pas tomber le système à moins d’en connaître tous les rouages, et de s’investir des années durant dans un travail d’éveil des habitants de Jurissima ! C’est là ce qui fait notre force, et je ne pense pas qu’une bande de simplets dans votre genre puisse faire quelque chose ! jubila leur interlocuteur.
    - Mais vous, vous les connaissez ces rouages ! Pourquoi diable ne faîtes vous rien pour changer les choses ?! s’indigna Anomen.
    - J’étais une sorte d’utopiste il y longtemps, moi aussi je désirais plus que tout changer les choses ! J’ai donc étudié consciencieusement les secrets de Jurissima, les logiques sous-jacentes à ces phénomènes. Par mon travail j’ai brisé cet écran de fumé qui obstruait ma vision de mon environnement ! Mais, j’étais allé si loin, je m’étais tellement investi que lorsque le moment d’agit fut venu, je me suis dit que j’avais tout à y perdre et pas grand-chose à y gagner ! Le voile brumeux autour des yeux de mes concitoyens, n’est finalement que la matérialisation de celui qui enserre nos cœurs ! J’ai fini par voir clair, mais je ne me suis pas débarrasser de cette entrave invisible : du stade de son plus farouche opposant, je suis devenu un des meilleurs garant de ce système ! Combien de vies ai-je ruiné ? Je ne sais plus, et je m’en moque ! L’essentiel est que j’ai un certain pouvoir, et que je sache, ce qui en somme me rend supérieur à cette masse uniforme ! Ha ! Ha ! » s’esclaffa l’homme le regard plein de folie
    Très irrité par les dires de cet individu, Phaelgalis le saisit prestement par le col de sa robe de magistrat et l’envoya imiter les elfes ailés par la fenêtre de la pièce ! Peu après le bruit occasionné par les bris de verre, on entendit le craquement caractéristique d’une colonne vertébrale qui explose.
    « -Je ne suis peut être qu’un barbare, je tue des gens à longueur de journée, mais je ne suis pas un lâche ! Je combats toujours en face à face, et je risque ma vie à chaque instant, c’est comme ça que j’ai grandi et que je vis. Je ne dis pas que c’est bien, mais au moins je n’assujetti personne, je ne brise pas leur humanité et je ne me sens pas supérieur à eux ! Tu n’as eu que ce que tu mérites, c’est tout ce que je pouvais faire et je l’ai fait. Le monstre ne se trouve pas dans ces amoncellements de papier, mais dans le cœur des hommes de ton genre ! Sois maudit ! » cracha Phaelgalis.

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    Dans les dix secondes qui suivirent, une troupe d’élite dépêchée par les autorités suite au carnage de nos amis, pénétra dans le bureau et encercla le petit groupe. Un haut prélat s’avança le visage impassible, sortit une feuille remplie d’injonctions écrites et commença à la lire :
    « - Suite à vos exactions dans le bureau des contributions, le tribunal vous a reconnu coupable de crime d’homicide volontaire sur la personne du magistrat 7201-467 DC. Ce forfait est passible de la peine capitale et la sanction est applicable immédiatement. Néanmoins, après réexamen de la chute de mon subordonné, il est apparu qu’il a mit trois fois moins de temps à atteindre le rez-de-chaussée, soit une hausse de productivité de près de 200 points, si l’on considère toutefois le rajout d’un matelas ou deux en bas de chaque bâtiment. Dans ces conditions et compte tenu de la jurisprudence de l’arrêt 567-CC du Conseil des Sceaux dit « Société des ascenseurs Hobgobelins et des rochers Polymorphico-hémoiroidique des Sauges », les présents accusés sont acquittés et recevront une récompense pour service rendu de l’ordre de 600 piastres, auxquels nous déduirons les frais de dossiers à savoir 200 piastres. A cette missive s’ajoute l’obligation pour les cinq prévenus de quitter Jurissima dans les meilleurs délais, sous peine de sanctions administratives lourdes. » Acheva-t-il sur un ton monocorde.


    On leur remit la somme convenue, et c’est sous bonne escorte que le groupe médusé fut reconduit aux portes de la ville. Au vu du déploiement spectaculaire de force des autorités, toute résistance aurait été vaine et c’est dans la confusion la plus totale, et avec un arrière goût amer sur la langue, qu’ils regagnèrent les plaines de Mokhiosis. Leur belle épopée avait fait long feu, et il ne leur restait guère que leur frustration. Pourtant au fond de lui, Phaelgalis, se jura de revenir un jour sauver ces pauvres hères de leur funeste destin : ce monstre de papier devait forcément exister, l’autre n’avait dit que des mensonges pour leur prouver le contraire, mais il savait bien que c’était faux. Ca devait être faux ! C’est sur ces considération qu’il s’enfonça plus avant à la suite de ses amis, dans l’immensité dorée de cet océan de hautes herbes.

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  • Les brumes de l'abîme : chapitre 4 (partie 1)

    Chapitre 4


    frazetta.jpg« - Le monde s’est effondré sur mes épaules ! Où suis-je ? Qui suis-je ? Je ne suis que douleur ! Mon âme est dévorée par la peine et le désespoir tandis qu’elle se durcit sous les caresses d’un froid inhumain ! Déjà l’odeur de la mort et de la décomposition de mon être submerge mes sens olfactifs. Je… je… j’étouffe, une chape de plomb s’est abattue sur mes poumons ! Vite je dois ouvrir les yeux et respirer!... » Arthalas s’éveilla la nuque trempée de sueur, avec l’étrange sensation d’être entravé par une force supérieure. Rien de plus normal si l’on considérait que le barbare avait roulé sur lui durant son sommeil. Ses pieds dénudés et malodorants flottaient à quelques centimètres du nez de l’elfe, dont le visage tournait de plus en plus vers un vert violacé. Pas encore totalement remis de ses blessures, le jeune archer ne put se défaire de son encombrant fardeau et du se résoudre à le pincer très violement au mollet gauche. A la réflexion, il y prit même un petit plaisir sadique, surtout quand le barbare se réveilla hurlant et vociférant. Hélas, dans son mouvement précipité Phaelgalis assena involontairement un sévère coup de pied sur le front de l’elfe, qui se rendormit étrangement sur le coup. Un peu groggy le colosse, scruta les environs à la recherche du coupable, mais ne voyant que ses compagnons endormis autour de lui, il en conclut qu’un lutin des neiges avait du lui jouer un mauvais tour. En remarquant l’elfe inconscient sous lui, il se demanda comment ce dernier avait pu être suffisamment maladroit pour se retrouver là. Il le repoussa nonchalamment sur le côté, ratissant au passage une belle quantité de poudreuse, puis retourna à ses oniriques massacres dans les bras de Morflé, le dieu barbare du sommeil.


    Le soleil culminait déjà à son zénith lorsque les compagnons daignèrent enfin retourner à la triste réalité du monde conscient. Un froid intense régnait encore dans l’atmosphère et torturait la petite troupe, en dépit du misérable feu magique de Zacharius. Aussi fut-il convenu qu’ils quitteraient les hautes altitudes d’ici à la fin de la journée. Le groupe entama donc la phase descendante de son épopée alpine, non sans ressentir une certaine lassitude. Ils marchaient depuis deux bonnes heures lorsque le mage se prit de nouveau les pieds dans sa robe, qui n’était décidément pas pratique pour la randonnée, et dévala le long de la pente sur une dizaine de mètres avant de heurter une forme solide et lisse. Ils se retrouvèrent devant un bloc de glace d’à peine plus d’un mètre sur un mètre cinquante, dont le cœur renfermait une étrange créature à la peau de jais. Le tout aurait pu aisément évoquer un esquimau à un géant Klorkien : un esquimau aromatisé au nain ! Car il s’agissait bien d’un nain, bien que d’allure peu orthodoxe par rapport à ceux de ces contrées, prisonnier de ce piège transparent. Comment était-il arrivé là ? Qui lui avait fait subir un tel traitement ? Mystère et boules de gob’ ! Toujours prompt à faire une démonstration de ses pouvoirs, Zach lança un sort d’UV tropicaux sur le monolithe gelé, qui fondit à vue d’œil. L’étrange petit nain, revint peu à peu la vie et s’ébroua tel un chien, propulsant des gouttes frigorifiques sur le barbare. A mieux considérer le nouveau venu, il devait mesurer un bon mètre vingt, si l’on comptait les semelles de ses étranges chaussures à mi chemin entre la tong et la botte. Il était visiblement de constitution plus fine que ses congénères, sa peau évoquait les sables basaltiques des plaines d’Utmitran, son armure se résumait à une fine côte de maille à bretelles et une sorte de pantacourt en cuir. Mais deux détails frappaient immédiatement lorsqu’on le regardait : son étrange hache en métal doré dont les lames étaient étrangement inclinées, et sa superbe coiffure rasta qui lui tombait aux épaules, couplée avec une barbe tressée de la même manière. D’abord un peu hébété, le nain se ressaisit très vite et dévisagea ses sauveurs de ses yeux de jade et d’ébène. Il leur lança un sourire chaleureux avant de leur serrer prestement la main. Il émanait de lui un charisme certain, malgré son air un peu dénutri, ainsi qu’une énergie débordante qui le faisait bondir en tous sens, le tout en rythme s’il vous plait. Visiblement heureux de pouvoir à nouveau se mouvoir, il prit une posture avantageuse et se présenta aux Frères d’un air plein d’assurance, mais aussi de sympathie, adoptant un accent chantant et un dialecte pour le moins étrange :
    « - Yo, les mans, mi appele Rolimbo, le nain rasta, plus grand dragueur de tantines et le boss de la danse Ragga-Hache de toute mon pays ! Comment zot i lé ?! Mi remercie à zot d’avoir sauv’ a moin, comment zot i appele dont ?!
    - Heing ???? » Firent les compagnons à l’unisson.

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    Le mage avait armé un sort de bouclier jurant entendre les paroles d’une incantation, tandis que les autres affichaient un air d’ahuri accompagné de grimaces à faire pâlir un ogre. Surpris mais guère décontenancé, il avait appris à ne jamais perdre la face, Rolimbo repris dans un commun légérement saccadé, mais néanmoins de très bonne qualité, le fil de la conversation :
    « - Désolé, j’oubliais que j’étais si loin de chez moi ! Ne vous offusquez pas de mes dires, nos deux langues étaient proches autrefois, mais le temps a hélas fais son œuvre. Je voulais simplement dire que je me prénommais Rolimbo, et que je vous remerciais de m’avoir sauvé. J’aurais également aimé savoir le nom de mes bienfaiteurs, si ce n’est pas trop vous demander.
    - Hum…Hum ! Il est vrai que ton langage est un peu surprenant, cependant je pense qu’il n’y a pas de mal. Essaye simplement de t’adresser à nous en commun à l’avenir, pour faciliter la compréhension. Pour répondre à ta question, je suis Anomen, paladin de mon état, et voici Phaelgalis le barbare, Zacharius mage à la cour du roi Dekon, et Arthalas guerrier elfe de Liorund. A mon tour de te demander quelques précisions : d’où viens-tu ? Et comment t’es-tu retrouvé en si mauvaise posture ?
    - Oté ! Heu mi…je veux dire que c’est assez embarrassant ! s’excusa le nain le rose aux joues.
    - Ha ! Ha ! Vas-y dis toujours petit bonhomme, et après je verrais si je te laisse la vie sauve ou pas ! menaça Phaelgalis, non sans malice.
    - Totoch ! Il ne plaisante pas votre copain, dommage qu’il sente si mauvais, sinon on en aurait fait un négociateur hors pair ! Bon je vais te raconter mes déboires si c’est ce que tu souhaites, mais recule un peu ton visage, parce qu’on ne respire plus par ici ! Après tout c’est pas un mystère peau de glabre !
    - Hé mais je rêve ou il vient de m’insulter le nain ? Il se prend pour qui celui-là ? Je vais te lui écraser le crâne ça ne va pas tarder !
    - De grâce je ne voulais pas vous fâcher messire. Il est évident que votre intelligence et votre sens du raffinement sortent de l’ordinaire… pour un ogre des marais ! lui répondit le nain rasta.
    - Mais c’est qu’il continue en plus ! Je prends un bain par an, espèce de face de drow ! Et puis mon odeur est une odeur n-a-t-u-r-e-l-l-e, je refuse les artifices de la civilisation : ça créé des pucelles dans le genre du mage derrière moi ! Maintenant si tu t’échauffes comme ça, je vais te refroidir en deux temps trois mouvement, et pour de bon cette fois ci ! s’emporta le barbare .
    - Voyons j’abhorre la violence gratuite, je préfère la musique et les jeunes filles… mais dans ton cas je crois qu’une bonne correction serait d’utilité publique ! »

     

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    N’y tenant plus Phaelgalis, abbatit lourdement ses épées dans la poudreuse, mais le nain esquiva sans peine d’un bond souple et rapide. Il évita les assauts suivants de façon acrobatique, effectuant constament des mouvements proches d’une forme de danse. Puis il saisit sa hache et se jouant du coup du barbare, pris appui sur le plat de sa lame et sauta par-dessus son adversaire. Une fois dans son dos il tenta de frapper le colosse, mais ce dernier pas si mauvais que ça, parvint à effectuer une roulade à temps pour parer la lame du nain. Phaelgalis donna alors un coup d’estoc avec son épée gauche, tandis que le nain transperçait sa garde : il se retrouvèrent tous deux avec l’arme de l’autre sous la gorge. Se fixant mutuellement du regard, chacun vit sa mort dans les iris de l’autre. Puis bizzarement la tension s’estompa, et tous deux éclatèrent de rire, au plus grand désarroi du reste des compagnons.
    « Ha ! Ha ! Finalement je t’aime bien petit nain, tu es impertinent, prompt au combat et totalement fou : tu ferais un bon barbare ! s’esclaffa Phael.
    - Je te retourne le compliment, tu te bats bien pour un type aussi lourdaud ! On ne peut juger son interlocuteur que dans un combat ! continua le nain. »
    Rouge de colère, Anomen s’immisça dans leur conversation, saisissant chacun des duellistes par le col :
    - Non mais, vous êtes aussi stupides l’un que l’autre ma parole ! « On ne juge son interlocuteur que dans un combat », jamais je n’ai entendu pareilles inepties. Nous venons de vous sauver la vie, et vous ne trouvez rien de mieux que d’attaquer l’un des nôtres Rolimbo ? Et toi Phaelgalis, il serait temps que tu te calmes : tu passes ton temps à menacer les gens et à te battre pour un rien ! Je ne sais pas ce qui m’empêche de vous attacher ici et de vous laisser mourir de froid !
    - La Règle, un paladin doit toujours protéger les faibles ! rétorqua Phael, singeant le paladin.
    - La Mesure qui dit que jamais un paladin ne doit donner la mort sans raisons ! renchérit le nain rasta sur un ton mielleux.
    - Mince il est génial ce petit bonhomme rasta ! Dis Anomen, on peut le garder ? Je m’en occuperais si tu veux. Allez dis oui, s’il te plait ! le pria Phaelgalis, tandis qu’en compagnie de son nouvel ami il lui lança un regard de biche.
    - Vous êtes vraiment deux fous ! On ne le connaît même pas, et il nous a attaqué…les deux autres le suppliant du regard avec insistance. Bon très bien, mais j’exige qu’il nous raconte son histoire au préalable, et si l’un de vous deux cause le moindre problème, vous quitterez le groupe tous les deux ! finit par lâcher le paladin, visiblement exaspéré.
    - Regardez moi ces deux gamins, si c’est pas malheureux de voyager avec ça ?! Qu’en dis-tu Arthalas ? ironisa Zach
    - Ils sont en effet pathétiques, mais ce sont de bons guerriers. Je crains hélas que l’on doive se contenter d’une escorte aussi farfelue, faute de mieux. » Répondit l’elfe.

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    Farfelue, c’était justement l’allure de ce groupe, qui devenait de plus en plus disparate, regroupant tout ce que ce monde faisait de mieux en matière d’originaux ! Avait-on idée de voir un nain noir d’ébène et bagarreur, un barbare irascible et crasseux, un mage porté sur la propreté, un elfe blasé, et un paladin paumé dans le lot sauver un jour le monde ? Moi Mat Sangdedragon, le moine copiste vous le dit tout sec : ce groupe n’a aucun avenir ! Je me demande d’ailleurs pourquoi mon maître me force à retranscrire leurs aventures ?! Non mais c’est vrai quoi ! Houlà, le Seigneur des histoires se rapproche, je ferais mieux de m’y remettre !

    Enfin quoi qu’il en soit, ils reprirent leur descente, jusqu’à arriver à des altitudes plus clémentes, où ils purent jouir de températures bien plus douces. Ils établirent leur campement sur un haut plateau, et à la tombée de la nuit tous se regroupèrent autour du feu, pour écouter l’histoire de Rolimbo, le nain rasta.Désormais le centre de toutes les attentions, le nain toussa légèrement et bomba le torse pour se donner une contenance, même si à côté de Phael ses efforts étaient vains. C’est alors qu’il commença son récit sur un ton enjoué, mais néanmoins teinté d’un soupçon de mélancolie :
    « - Je suis né sur une petite île au sud des plaines de Mokhiosis, il y a de cela une bonne centaine d’années. Cette île s’appelait Eternelle Douceur, et c’est là que j’ai grandi, je dirais que c’est là qu’est toute ma vie. Mais ce n’était qu’un nid à l’équilibre fragile, où trop d’oisillons virent le jour causant un gouffre démographique galopant. A l’age où un Pei-zan, un nain de mon village, peut enfin prétendre à la maturité je me suis retrouvé face à un problème de taille : il n’y avait plus aucun travail pour moi. Je désirais plus que tout exercer le métier de forgeur de Surf-Axe, une hache similaire à la mienne, branche la plus prestigieuse parmi les branches prestigieuses. Hélas aucun artisan n’a voulu me prendre comme apprenti. La vie est certes douce sur mon île, le soleil est toujours réconfortant et la mer chasse toute anxiété de nos regards, mais ne pouvant accomplir mon rêve j’aspirais à autre chose ! C’est la raison pour laquelle je décidai de partir au-delà des flots azurés et de parcourir le monde, pour parfaire mes connaissances en métallurgie et ainsi revenir en tant que grand artisan parmi les miens. J’arpente donc depuis quelques années les sentiers les plus variés qui soient, survivant en exerçant mes talents artistiques pour la danse et le chant, et prêtant main forte à des groupes d’aventuriers itinérants. Il y a peu, j’ai appris qu’un grand forgeron vivait à Ishandir, son savoir est sans pareil et l’on dit qu’il a forgé la lame du paladin supérieur de la ville sainte ! J’ai donc contourné le col de ces montagnes pour me rendre auprès de ce génie métallurgistes dans les meilleurs délais. Hélas il m’est arrivé un fâcheux accident au cours de mon ascension : voyez-vous j’ai une grosse faiblesse. Je ne peux résister au charme de jolies pucelles, ma foi très nombreuses sur les chemins de l’aventure ! En temps normal, quand je leurs fais la cour, soit elles acceptent, soit elles me mettent une gifle ou deux, ou de temps en temps un soupirant jaloux tente de me faire la peau, ça fait partie du jeu on gagne ou on perd. Mais figurez vous que cette nymphe des cimes neigeuses, que j’ai rencontré par hasard, a très mal pris mes avances et s’est mise en tête de me changer en glaçon ! Non mais vous imaginez, moi qui déteste le froid, je voulais simplement me réchauffer, et elle elle s’emporte pour une broutille ! Pour un guerrier de ma trempe, doté d’un charme aussi ravageur, il se passa la main dans sa chevelure rasta, que le mien c’est assez vexant ! Je ne voulais pas que vous appreniez mon échec amoureux, j’ai ma fierté voilà tout. Mais puisque le paladin insiste, je vous ai révélé la vérité. Maintenant si vous ne vouliez pas voyager avec un aussi piètre séducteur que moi, je ne vous en voudrai pas ! conclut-il la mine faussement boudeuse.
    - Nous voyageons avec un barbare, qui dès qu’il ouvre sa bouche fait défaillir toutes les pucelles du pays rien qu’à l’odeur ! Un vrai « tombeur », pourtant nous parvenons à le supporter ! Je ne pense pas que ce soit un problème de voyager avec toi, tu ne crois pas ? déclara Zach l’air moqueur.
    - Un « tombeur », hein ?! Continue comme ça et ce sont tes dents qui vont tomber, espèce de sorcier à la petite semaine doublé d’un maniaque ! s’emporta le barbare si facilement irritable.
    - Allons, il suffit ! Nous avons eu notre compte de bagarres pour la journée vous ne pensez pas ?! Dis moi Rolimbo, n’as-tu pas dit que ton forgeron prodigue résidait à Ishandir ? C’est justement notre destination finale ! Quand à tes déboires affectifs, ils ne me gênent pas tant que tu restes courtois envers ces demoiselles. Je ne vois donc pas d’inconvénients à ce que tu nous accompagnes. Intervint le paladin.
    - Moi j’en vois un ! Il s’agit d’un nain, même s’il a la peau sombre ! A ce titre il n’est pas digne de confiance, je m’oppose à toute coopération avec ce genre d’individus ! lança Arthalas.
    - Je ne suis pas un nain comme les autres et je n’ai aucun grief particulier contre les elfes ! Mais apparemment la tolérance n’est pas le fort de tes congénères. Tâche au moins de me connaître avant de me juger ! répondit le nain.
    - Ouais, il est trop sympa mon petit copain rasta ! C’est une vraie graine de barbare ! Moi je dis qu’il vient avec nous, que ça te convienne ou pas elfe ! Je sens qu’avec lui on va bien rigoler, en plus je veux apprendre à me battre comme lui, j’adore son sens du rythme. Allez Rolimbo, en route vers des nouveaux massacres, considère toi comme le cinquième membres des Frères du trèfle écarlate ! trancha le barbare.
    - Té ben lé dos… heu je veux dire c’est bien aimable à toi Phaelgalis. Je te propose un marché : je t’apprends à te battre avec style et toi tu éloignes tous les jaloux quand je courtise une belle ! Je pense qu’une grande équipe est née, notre chemin sera jonché de cadavres et de femmes comblées ! Ha ! Ha ! Je retrouve le moral, moi ! Allez hop, Phael finissons de manger et je raconterais mes plus belles conquêtes !
    - Bon très bien, ne venez pas me dire que je ne vous aurai pas prévenu ! Il n’est pas comme les autres nains, il est encore plus frappé ! Non mais regardez le sautiller sur place avec son sourire béat ! Ce groupe est vraiment invivable, mais encore une fois je vais me sacrifier : il peut venir ! » conclut l’elfe.

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    Après un nuit tourmentée par de cauchemars terrifiants, où il s’imagina avec une coiffure rasta, Arthalas eu la mauvaise surprise d’être réveillé par les sifflements de Rolimbo. Celui-ci pratiquait ses exercices matinaux de danse, battant des mains en rythme et se déhanchant de gauche à droite. Pour parachever le tout, le barbare, avec sa tête d’épouvantail mal réveillé, s’était mis en tête d’imiter son nouvel ami. Là où l’entrechoc des mains de Rolimbo produisait un son somme toute mélodieux, le claquement de mains de Phael s’apparentait plutôt à un coup de tonnerre mal ajusté. La tête comme un tambour, les trois autres compagnons n’eurent d’autre choix que de se réveiller et chacun commença à regretter sa décision de la veille. Une fois les deux danseurs biens échauffés, ils dévorèrent un frugal petit-déjeuner à base de fromage à peine dégelé. Puis le groupe reprit son chemin, cette fois-ci pour quitter définitivement cette maudite montagne ! En début d’après-midi ils parvinrent à l’orée de la Plaine de Mokhiosis, mais comme la carte indiquait une cité de belle taille non loin, ils décidèrent de faire un petit détour. Qui sait peut être trouveraient-ils à la fois de quoi remplir leurs poches et leurs estomacs ?

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  • Les brumes de l'abîme : chapitre 3 (partie 2)

    2006_1010Yellowstone0352_small.jpgOn a beau dire, se retrouver privé d’un de ses sens est une expérience éprouvante et extrêmement déstabilisante pour tout un chacun. Les sages les plus avisés prétendaient cependant que les sens restants s’en trouvaient aiguisés. Si cela s’avérait séduisant sur le plan théorique, il semblait en revanche que cela ne s’applique pas pour nos compagnons dans la pratique. Phaelgalis avait le nez bouché car il s’était enrhumé, le froid lui piquait les yeux, et son corps était entré dans une sorte de léthargie qui rendait ses membres insensibles à quoi que ce soit ! Le colosse marchait en premier, suivaient le paladin puis le magicien, et Arthalas fermait la marche. Aucune stratégie n’avait été convenue, cet agencement s’était réalisé sans la moindre concertation. Le passage sans être très spacieux laissait une bonne marge de mouvement au groupe. Au terme de deux heures d’une marche lugubre, ponctuée de chutes régulières de chaque membre, il sembla aux Frères que la sortie se faisait plus proche. Du moins l’espéraient-ils, car dans le cas contraire leur survie serait fortement compromise ! Au cours de sa progression, le groupe constata non sans une certaine appréhension que le jour avait fait place à l’obscurité. Cependant la particularité de ce canyon les rassurait sur un point : le démon ne pourrait les suivre ici sans être réduit à néant ! Hélas même les certitudes les plus fortes sont parfois infondées.

    Avec la nuit le vent s'était calmé et la brume dissipée. A présent la lune était pleine dans le ciel, augmentant grandement la visibilité du groupe.Tout à sa marche dans cet univers terne, morne et vidé du moindre son, le guerrier elfe remarqua par hasard une ombre qui allait en grandissant sur le sol. Il n’eut que le temps d’esquiver l’assaut en se jetant en arrière avec toute l’agilité de ceux de son peuple ! Le fléau passa à quelques millimètres à peine de son bras, endommageant son bracelet. Les autres, sourds au grondement pourtant spectaculaire qu’avait causé l’impact de l’arme sur le sol, ne remarquèrent rien. Engagé dans un face à face silencieux avec la créature à l’origine de tous ses malheurs, Arthalas savait que ses chances de victoire seul et dans un espace aussi confiné étaient quasi nulles ! Il fallait à tous prix qu’il parvienne à prévenir le reste de la troupe, et tandis que le monstre s’avançait il sut comment procéder. En se saisissant prestement de son arc il décocha une flèche : le tir manqua le démon qui ricana, mais elle vint de loger à quelques centimètres de Phael ! Surpris, le barbare en déduit que les nerfs de l’elfe avaient lâché et se retourna promptement pour lui signifier sa façon de penser ! C’est alors qu’il aperçut son vieux copain le pingouin noir !

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    Interloqués par l’expression de leur ami, les deux autres regardèrent également en direction de l’agression. Le combat s’engagea dans les secondes qui suivirent : Phaelgalis et Anomen se ruèrent au contact de l’agresseur tandis que le mage resta en retrait pour préparer ses sorts. Si les perceptions des héros étaient fortement perturbées, ce n’était pas le cas pour la créature qui, devinant les attaques du barbare et du paladin, les repoussa dans un mouvement rotatif fulgurant ! Le premier fléau dévia l’assaut de colosse qui manqua s’empaler en trébuchant, tandis qu’un second fléau, que la créature s’était procuré pour l’occasion, vint percuter la rapière du chevalier si violement que ce dernier eut l’impression que son squelette entier allait exploser. Profitant de ce bref répit, l’elfe arma une autre flèche qu’il tira dans une roulade en se plaçant dans un angle mort, chose que seul un elfe peut réussir ! Il atteint l’œil gauche du monstre qui hurla de douleur, du moins lui sembla-t-il. Pendant ce temps, le paladin arma un sort d’entrave des forces du mal qu’il lança sur la chose : trois boules lumineuses vinrent tourner autour d’elle, perturbant ses sens et ralentissant légèrement ses mouvements. Phael qui s’était lui aussi ressaisi se jeta à nouveau dans la bataille. Si le monstre évita sans peine sa première lame, le seconde fit une légère entaille dans la jambe du monstre. De plus dans un mouvement qu’un moine lui avait enseigné un jour, il parvint à assener un coup de pied arrière dans ce qu’il estima être les parties intimes du monstre ! Au contact du corps du monstre, il lui sembla que son pied gelait sur place, ce qui lui arracha un cri de douleur et le força à se retirer rapidement. Cela n’eut apparemment d’autres effets que de mettre le démon de fort méchante humeur. Celui-ci, conscient que la situation tournait mal pour lui, réagit en émettant une onde de force qui jeta les deux bretteurs au sol. Il assena dans la foulée un violent coup de fléau au sol qui manqua broyer l’elfe ! S’étant ménagé ainsi le temps de répit nécessaire, il incanta et son aura ténébreuse sembla gagner en consistance. Privé de son fléau gauche suite à son assaut infructueux envers l’elfe, il saisit le barbare avec ce même bras, comme s’il s’était agit d’un semi homme, et le projeta violement sur la paroi ! Puis il abattit son arme droite en direction du chevalier qui, bien que s’étant remis en garde, fut projeté en arrière, l’épaule démise.

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    A quelques mètre de l’épicentre du combat, Zach n’avait pu que contempler la déroute de ses amis, cherchant dans son répertoire un sort à même de blesser le monstre sans pour autant toucher ses amis. Il réfléchit à ce que lui avait révélé la vieille sur le fonctionnement des bracelets : ils empêchaient tout son de sortir de la bulle, et empêcher les ondes sonores de pénétrer dans celle-ci. En revanche les interactions entre deux bulles pouvaient générer des vibrations, aussi la magicienne leur avait conseillé de ne pas entrer en contact les uns avec les autres. Ce combat devait donc générer des chocs soniques terrifiants, comme l’attestaient les craquelures qui apparaissaient sur les murs de glace millénaire. Effectivement l’affrontement avec la créature faisait un bruit du tonnerre, la vieille à l’entrée du col se demanda même si les dieux n’étaient pas venus remettre ça sur Irisia ! Le combat s’apparentait à une symphonie puissante composée d’entrechocs de lames, de cliquetis métalliques, et autres bruits de combat divers. Une œuvre magistrale que n’auraient pas renié les grands maestros d’Ariapolis la ville musicale. Il est certain qu'elle aurait fait une superbe marche militaire ! Le mage en conclut que pour résister à un tel choc sonique, leur assaillant avait utilisé un sort de protection similaire à celui contenu dans les bracelets. Par conséquent, il suffisait d’utiliser un sort de brèche magique sur sa protection pour le mettre en grave difficulté. Zacharius sûr de lui se mit donc à tracer dans les airs les symboles complexes d’un sort !

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    Au même moment, afin de pouvoir rivaliser avec la nouvelle puissance de son adversaire, Phaelgalis eut de nouveau recours à la rage de Berserker ! Avec sa force décuplée il s’engagea dans un choc de titans avec le démon, où aucune règle n’avait cours : il fallait frapper plus fort, plus vite, encore et encore ! On pouvait même griffer, mordre… du moment qu’on faisait mal à son ennemi! Entre les contacts avec le démon et les coups qu’il recevait, le corps de Phaelgalis était mis à rude épreuve, mais la colère permet de nier la douleur : tout ce qui importe c’est d’anéantir l’autre, le reste ne compte pas ! Du moins était-ce que lui répétaient ses instincts primaires. Anomen pour sa part, aurait bien aidé son compagnon, mais l’état préoccupant de la barrière magique entourant l’elfe ne lui en laissa pas l’occasion. Arthalas était en grave danger, son bouclier sonore s’était matérialisé et semblait fragilisé en de nombreux endroits : il ne lui restait guère de temps avant qu’il ne se vaporise ! Le paladin entreprit donc d’éloigner l’elfe de la zone de combat et de le mener à la sortie qu’il espérait proche, en priant pour que le barbare tienne le coup.

    Dans la frénésie du combat, la raison de Phael était sur le point de voler en éclat. Si jamais il entrait dans une rage trop profonde dans son état, il n’y survivrait pas. Heureusement alors qu’il plaquait le monstre contre le mur, un rayon magique issu des mains du mage vint frapper la créature : sa protection éclata et sous l’assaut des ondes soniques elle hurla à la mort ! Elle parvint quand même à lancer de nouveau le sort en dépit de sa douleur, tandis qu’elle s’éloignait du barbare à moitié fou. Cependant son corps, pourtant d’une résistance extraordinaire, avait subit des dégâts importants sous les effets devastateurs du canyon. De plus, les remparts de la passe déjà rudement mis à l’épreuve par le combat, n’y tinrent plus et s’effondrèrent sur le monstre qui disparut dans un tumulte d’une blancheur immaculée.

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    Au bord de l’explosion psychique, le visage du barbare était serti de veines gonflées et inquiétantes. Conscient que son ami était sur le point de défaillir, Anomen rebroussa promptement chemin et alla rejoindre le barbare. Il posa sa main sur son épaule pour l’apaiser et quand le regard meurtrier de Phael se posa sur lui, ce dernier sembla se calmer quelque peu. La rage faisait toujours effet mais il avait regagné un semblant de lucidité. Hélas dans son duel sans merci avec la créature, son bracelet avait lui aussi était grandement endommagé. Espérant que son ami comprendrait avec la fureur qui l’habitait, le paladin, lui fit signe de courir vers la sortie. A son soulagement, le barbare s’exécuta plaquant l’elfe au passage sur son épaule. S’ensuivit une course euphorique avec son fardeau visiblement irrité vers la fin du canyon. A chaque pas le voile protecteur des deux compagnons allait en s’amenuisant. Ses bruits de course se répercutaient si violement dans le canyon qu’il semblait qu’une armée entière se déplaçait au pas de charge ! D’autres auraient paniqué, mais le barbare légèrement dans le gaz ne réalisait pas le danger qui pesait sur lui. Seul son instinct lui dictait de courir ! Enfin il aperçut la sortie : « plus que quelques petits mètres, elle est si proche, encore un petit effort ! » se dit-il intérieurement.

    Peu avant d’atteindre l’embouchure du canyon sa rage prit prématurément fin. Se sentant chanceler, il lança l’elfe vers la sortie avec toutes ses forces, tandis que le bouclier sonore volait en éclat ! Sonné par l’impact de l’explosion de sa protection, le barbare fut poussé vers la paroi, mais il ne ralentit pas sa course pour autant ! Puisant dans ses ultimes réserves, il se jeta en avant. Une détonation retentit derrière lui et vint s’écraser sur la paroi au moment où ses pieds venaient de quitter le canyon ! Le souffle propulsa l’elfe et le barbare plusieurs mètres plus loin, soulevant un gigantesque nuage neigeux . Phaelgalis qui comptait sur une réception acrobatique ne réussit qu’à s’écraser lourdement dans la poudreuse. Tous deux furent ensevelis sous plusieurs centimètres de neige, et il leur fallut un long moment pour s’en extraire les cheveux hirsutes et l’air hagard. Anomen et Zacharius les rejoignirent peu après et malgré les blessures et meurtrissures de chacun ils entreprirent de mettre rapidement le plus de distance possible entre eux et ce maudit canyon !

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    Quand ils établirent enfin un camp, les compagnons avaient perdu de leur superbe, c’était le moins qu’on puisse dire. L’elfe et le barbare étaient transis de froid même s’ils étaient trop fiers pour l’avouer. Pour ce dernier les effets secondaires de la rage aggravaient encore son état. Après quelques potions de soin et guérisons par apposition des mains par le paladin, le groupe sombra rapidement dans le sommeil, sans se soucier d’éventuels agresseurs. Toutefois avant de s’endormir, chacun s’accorda sur un point : au retour ils prendraient le chemin le plus long !

  • Faire plaisir aux chti nenfants! http://www.monbeausapin.org/

    On coupe le récit le temps d'un petit interlude d'utilité publique:

    "Je suis super à la bourre et je suppose que je suis pas le premier à le dire mais en visitant ce lien http://www.monbeausapin.org/ vers un blog BD vous contribuez à ce que le Croix Rouge offre des cadeaux de noël à des gosses qui sans ça n'auront qu'une vieille paire de chaussettes trouées.

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  • Les brumes de l'abîme : chapitre 3 (partie 1)


    Chapitre trois:



    nain_inscription.jpgLe brouillard s'était levé à une vitesse hallucinante, tandis que les compagnons se concertaient dans la taverne. Ockburn, le taulier ressentait une vive douleur au niveau de son genou gauche: un très mauvais présage selon lui. Après avoir réglé la note, le groupe commença à préparer le départ: tous avaient à l’esprit le souvenir de la rencontre d'hier soir et ils n'avaient guère envie de croiser le chemin de cette créature de sitôt! Aussi avait-il été convenu qu'après s'être équipés en bonne et due forme, ils prendraient la route passant par le canyon de Rakshar, à l'ouest de la ville. Comme Anomen avait déjà effectué ses achats la veille, et qu'il n'avait plus un sou vaillant, il fut chargé de préparer les sacs des compagnons. Le reste des Frères du trèfle écarlate se rendit à Arziza où on trouve tout ce qu'on veut: des épées comme des tuniques en peau de rat, très prisées par les gobelins et autre orques. Du moins était-ce que Arthalas avait lu sur une affiche publicitaire collée par Agrus, le maire de la ville. Mais en cette froide matinée, les échoppes étaient pour la plupart fermées, et le brouillard ambiant, conférait à la rue un aspect peu engageant. Néanmoins les marchands nains avaient ouvert boutique envers et contre tout, toujours prêts à faire des affaires, certains disaient se remplir les poches, avec les badauds assez fous pour braver l'obscurité. Un proverbe nain disait que même si le Dieu des ténèbres venait à s'emparer du monde, les nains trouveraient bien un moyen de le lui vendre! Ronfax Barbedrue, le gérant des "Milles merveilles" se tenait à la porte de son échoppe, lorsqu'il vit un amas de formes inquiétantes se diriger vers son commerce. Il vérifia si son marteau de guerre était bien à sa ceinture, on n'est jamais trop prudent, et scruta la brume avec méfiance jusqu'à ce qu'il puisse discerner ses clients potentiels. Son visage dure comme la pierre, une fois rassuré, changea du tout au tout en l'espace d'une seconde: il était désormais tout sourire, découvrant une rangée de dents jaunâtres sous sa barbe. Il avait repéré un barbare dans le lot ainsi qu'un mage: des pigeons en perspective! Se dit-il avec une lueur sadique dans le regard.


    « -Bien le bonjour mes seigneurs! Désirez vous quelque chose? Je ne saurais que trop vous conseiller un heaume antique, taillé par le dieu Azun lui-même! Et pour vous messire l'archimage...
    -Je ne suis qu'un simple mage à la cour pour l'instant! Le coupa Zacharius, rouge de plaisir.
    -Ô c'est vrai? Vous en avez la prestance du moins, il m'est avis que vous le deviendrez rapidement! Je disais donc pour vous j'ai un grimoire ayant appartenu à Malarius, le mage légendaire lui-même! Ainsi qu'un superbe collier d'intelligence supérieure. Non que vous en ayez besoin, mais pour offrir à un de vos confrères moins brillant, qui sait? reprit Ronfax sur un ton mielleux. Quand à vous mess.… »
    Le nain venait de remarquer que le troisième larron était un elfe, une des créatures les plus moches, les plus stupides.... Bref les pires êtres de ce monde! Mais le commerce nécessitait de savoir faire des compromis, aussi se ressaisit-il:
    « -Pour vous messire, j'ai là un arc recourbé en pin massif et à double courbure de superbe facture! Alors qu'en dîtes vous, si vous profitez tous trois de ces offres uniques, je consentirais à vous faire une petite ristourne! »Le visage du nain s'était légèrement crispé à l'évocation de la dite ristourne. Mais cela faisait aussi parti de son jeu. En réalité ces babioles n'avaient guère de valeur, et il fallait bien quelques clients crédules pour l'en débarrasser! Arthalas l'air peu convaincu, tous les elfes savaient que les nains étaient les pires gredins du pays, fit mine de se diriger vers la sortie avec un air de dédain très...elfique. Comme ses compagnons allaient le suivre, Ronfax du se résoudre à se montrer plus conciliant:
    « - Pourquoi vous hâtez ainsi messires? Vous êtes assurément des connaisseurs et en tant que tel je vais vous accorder un petit traitement de faveur. Voyez-vous la plupart des voyageurs se contentent de babioles sans intérêt. Et faute d'un équipement adéquat beaucoup périssent sur les sentiers cruels de la région! Notez que ce n'est pas mon problème du moment qu'ils ne me doivent rien! Mais vous je vous aime bien, aussi vais-je faire ce que je ne fais jamais: vous montrez mon arrière boutique.
    - Je ne goûte guère les ruses malsaines des nains! S’énerva Arthalas. Cesse dont ton petit numéro et montre nous ce que tu as de meilleur, sinon nous nous en allons sur le champ. Tous les nains ont une "arrière boutique"! Ce n'est qu'un piège supplémentaire pour les badauds flattés d'être pris pour des experts!
    - Hum, vous êtes perspicace messire (sale elfe! jura-t-il entre des dents)....Ok je n'ai pas trop le choix, voici ma réserve secrète. Ce sont des armes de premier choix comme vous n'en trouverez pas dans tous le pays! » Finit par lâcher le nain, visiblement très irrité par les remarques du guerrier elfe.

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    Effectivement le nain n'avait pas menti, pour une fois: ces armes, protections et autres accessoires étaient du premier choix. Sur une étagère dissimulée sous un manteau de poussière, se trouvaient des armures de cuir clouté, des armes d'hast, des haches, des capes, des grimoires et tout ce qui en général s'avère utile aux aventuriers avisés. L'elfe racheta quelques flèches à pointe sifflante, et se procura un casque en laine de Mammouth graisseux ainsi que des gants en peau de Zblib, une sorte de rongeur croisé avec un bœuf musqué. Zacharius se laissa tenter pour sa part, par une amulette de charisme de Barde/ensorceleur, et une cape cramoisie de protection contre le ...soleil. Zach la trouvait jolie et c'était tout ce qui lui importait. Il acheta pour finir quelques livres de sort éparses, dont un qui contenait le sort d'inversion du visage et du postérieur de Marzar! Le grand barbare enfin jeta son dévolu sur une paire de bottes en écaille de dragondin, un mélange entre un ragondin et un dragon nain comme son nom l'indique, censées lui permettre de marcher sur des braises ardentes. Il craqua également pour une ceinture de protection contre les coups vicieux, chose qui le mettaient de mauvaise humeur. Il fit également l’acquisition de gantelets de protection contre les ténèbres: histoire qu'il puisse mettre quelques coups de poing au démon qui les pourchasserait à la nuit tombée! Une fois les achats effectués, leur capital se retrouva sensiblement réduit, se résumant à quelques maigres piécettes. Lorsque les provisions furent stockées dans leurs besaces, il ne leur resta à vrai dire qu’une misère. La bière d'adieu serait pour une autre fois! Ceci fait, ils revinrent tant bien que mal à la Taverne du dragon enrhumé, en dépit du manque de visibilité croissant. Une fois les sacs bouclés et la vessie du barbare soulagée, le groupe prit enfin son départ vers l'inconnu.

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    Lorsqu’ils atteignirent le sommet de la colline deux heures plus tard, les Frères du trèfle écarlate se retournèrent pour contempler une dernière fois la ville de Thornalia. Ils avaient enfin réussi à s’extirper du manteau de brume, mais ils eurent l’impression que celui-ci les suivait de près. Le port vu d’ici semblait baigner dans un lac gazeux qui s’obscurcissait à vue d’œil. Un mauvais pressentiment s’empara de Phaelgalis, cette cité lui était apparue pleine de vie et d’activité à son arrivée tandis qu’aujourd’hui planait dans l’air une odeur de mort. Heureusement un barbare n’est pas du genre à s’embarrasser de ce genre de considérations, aussi emboîta-t-il le pas de son ami paladin tandis que le groupe s’élançait vers son destin.

    Le soleil avait atteint son zénith lorsque la compagnie décida de bivouaquer. Au fur et à mesure de leur progression sur le flan de la montagne la végétation s’était faîte plus pauvre et plus rare. Le paysage se résumait désormais à une succession de buissons épineux éparse qui s’apparentaient plus à une colonie de dards qu’à autre chose. Phaelgalis poussa d’ailleurs un juron bien senti lorsqu’une des épines vint se loger dans son pouce gauche, alors qu’il cherchait du bois pour le feu. Il parvint quand même après quelques égratignures à en réunir suffisamment pour faire une bonne flambée. Le mage se fit un plaisir d’embraser le tas de fagots par un sort, précisément au moment où le barbare déposait son fardeau ! Ce dernier eut tout juste le temps de reculer et il dût éteindre une de ses mèches qui avaient pris feu. Le regard assassin que sa victime lança au mage ne fit aucun doute sur le sort qu’elle lui réservait. Seul l’intervention d’Anomen, et son sens inné de la diplomatie, empêchèrent Phaelgalis d’embrocher le mage sur une de ses épées pour le faire rôtir au dessus du feu ! Quand à Arthalas il semblait s’être enfermé dans un mutisme durable, dont rien ne pouvait semble-t-il le tirer. Il affichait un air résolument supérieur et ses accès de sentimentalisme de la matinée semblaient imputables à sa seule fatigue. Le fils du chef des Lames Ardentes poussa un profond soupir : visiblement il faudrait travailler l’esprit d’équipe ou ils iraient droit dans le mur ! C’est précisément ce qu’il essaya de faire lorsque le groupe se regroupa autour du feu pour faire cuir quelques tranches de lard, que le colosse à l’appétit non moins gargantuesque lorgnait avec envie. Celui-ci justement s’était déchaussé afin de laisser respirer ses pieds endoloris par ces longues heures de marche. Le mage avec une moue dégoûtée s’empressa de lui signaler son indisposition :
    « - Par la mise en plis de l’archimage ! Tes pieds empestent plus qu’un nain des ravins crasseux en décomposition ! Tes effluves corporels sont encore plus nauséabonds que ceux des orques, et ce n’est pas peu dire ! Ha si seulement j’avais mes savons magiques je t’aurais décrassé tout ça !
    - Moi je ne sens rien d’autre que l’odeur de la nature. Tu as l’odorat plus sensible qu’une pucelle énamourée dans un jardin de roses mon pauvre petit Zacharius ! Rétorqua Phael en mimant une jeune fille en fleur
    - Doucement avec les pucelles énamourées ! Je prends ça comme une insulte directe envers Elithiara, la déesse de mes songes. N’oublies pas que tu lui dois la vie gros lourdaud ! s’emporta le paladin
    - Ouais c’est ça tu t’es saoulé avec cette binasse elfique et tu as rêvé d’elle dans ton sommeil ! Moi je rêve bien d’un tonneau de bière naine tous les soirs, c’est pas pour ça que j’en ai eu un !
    - Je te prierai d’éviter d’insulter les préparations de mes congénères Phaelgalis ! Cette « binasse » fait la fierté de mon peuple et je ne te laisserai pas souiller nos traditions ! intervint Arthalas enfin sorti de son silence
    - Ha ouais j’aimerais bien voir ça petit elfe ! Je dis et je fais ce que je veux, c’est la devise des barbares. Si ça ne te convient pas je peux toujours t’éclater le crâne contre un rocher !
    - Stop ! Il suffit ! Je vous rappelle que nous devons rester soudé si nous voulons avancer dans notre quête, c’est là le propre d’un groupe ! Mangeons pour reprendre des forces et reprenons notre route, vous réglerez ce différend plus tard. » Lança finalement Anomen pour calmer le jeu

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    Le reste du repas se déroula dans une atmosphère tendue, chacun des protagonistes cherchant à terrasser l’autre du regard. Anomen se demanda les yeux vers les cieux pourquoi il devait subir un sort aussi funeste. Il avait déjà un gamin à charge et il se retrouvait désormais avec deux autres en prime ! Une fois rassasiés les compagnons retournèrent à leur ascension qui s’avéra de plus en plus pénible. La température chuta sensiblement et ils arrivèrent bientôt dans une zone enneigée. Les membres durent se draper dans leurs capes, mais même avec cette protection il leur sembla que le froid étreignait jusqu’à leurs âmes. Enfin ils parvinrent jusqu’au terrible canyon de Rashkar, semblable à une entaille gigantesque dans le glacier qui aurait été laissée par un géant. Il s’étendait sur plusieurs kilomètres et une lumière bleuâtre irradiait de part et d’autres de ses titanesques remparts de glace. Mais le plus frappant était le bruit assourdissant qui émanait du canyon. Le vent ne semblait pas souffler très fort, pourtant on aurait juré qu’une véritable tempête se déroulait. Ce bruit rappela à Arthalas son escapade nautique mouvementée. L’entrée n’était décidément pas engageante, avec le relief torturé des parois qui évoquait une main crochue prête à s’emparer de nos héros. Afin de parachever les inquiétudes du groupe, la visibilité était exécrable et il leur sembla distinguer dans ce tumulte des voix assez lugubres. Soudain une forme indéterminée fit son apparition à deux mètres d’eux. Sous le coup de la surprise tous avaient brandi leurs armes ! Le nouveau venu ne semblait toutefois pas menaçant et leur fit signe de le suivre. Il les guida vers ce qui ressemblait à un poste de garde et les invita à entrer. Une fois la lourde porte en chêne refermée, les compagnons furent saisis par le calme surnaturel qui y régnait, tandis que l’extérieur n’était qu’un tumulte assourdissant. Leur hôte était une femme d’âge mûr, possédant visiblement un peu de sang gnome dans les veines, en attestaient sa taille réduite et son penchant pour l’embonpoint. Ses longs cheveux argentés lui tombaient jusqu’aux genoux, et derrière ses lunettes des yeux noisettes pétillants dévisageaient le groupe. Elle avait quelque chose de grotesque avec sa robe grise mal ajustée et son bâton deux fois plus grand qu’elle ! Comme à son habitude Phaelgalis manqua s’étouffer de rire et le paladin le rappela à l’ordre d’un vigoureux coup de coude dans l’estomac. La magicienne ne sembla pas s’en offusquer pour autant et lança presque comme une boutade :
    «- Encore des jeunes têtes brûlées en quête de sensations fortes dans le canyon de Rashkar ?! M’est avis que mon vautour fossoyeur Danlos va encore avoir à manger ce soir !
    -Qu’est-ce qui vous fait dire cela gente dame ? Nous sommes parés à toutes les situations, et puis ne s’agit-il pas que d’un vulgaire canyon ? Nous avons lu sur une carte qu’il s’agissait du chemin le plus court pour rejoindre les plaines de Mokhiosis. Indiqua le paladin.
    - Ha ! Ha ! Harg… elle manqua s’étrangler de rire. Un « vulgaire canyon » dîtes-vous ? Il s’agit d’une des manifestations les plus dangereuses de la nature ! Cette brèche que vous appelez canyon a été taillée dans un glacier plusieurs fois millénaire : ses parois renferment un pouvoir mystique issu des anciens peuples des glaces ! Tout le monde dans la région sait qu’il est suicidaire de s’aventurer dans ce canyon : le moindre son y est amplifié des milliers de fois jusqu’à acquérir la puissance d’une véritable explosion ! Le simple bruit de vos pas sur le sol pourrait déclencher une déflagration capable de vous réduire en miettes, jeunes sots !
    -Je… j’ignorais ce détail, la carte ne fait pas mention d’un tel phénomène. Qu’est ce qui me prouve que vous dîtes vrai ? Rétorqua Anomen visiblement troublé.
    -Pff ! Vous m’avez l’air d’une belle brochette d’amateurs, un conseil : rentrez chez vous ! En continuant comme ça vous n’irez guère loin ! Suivez moi. Je vais vous montrer si je mens ! »

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    Piqué au vif le groupe ne put que se résoudre à emboîter le pas de la demi gnome déchaînée. Une fois à quelques mètres de l’entrée du col, elle lança une incantation muette, traçant des symboles complexes dans les airs : un fin voile lumineux les enveloppa elle et les compagnons. Puis elle se saisit d’un petit caillou qu’elle lança dans l’ouverture. À peine une seconde après son contact avec le sol, il vola en éclat comme si un mammouth l’avait piétiné. La protection magique vacilla et s’évanouit sous la puissance du souffle. Pourtant aucun son n’était parvenu aux oreilles des Frères. Cependant le résultat ne souffrait aucun doute : s’il s’était s’agit d’eux, un tas de chair en lambeaux résiderait à la place du caillou ! La petite magicienne se tourna vers eux, le regard plein de reproches :
    « -J’espère que vous me croyez maintenant ! Sans ma bulle d’isolement nous serions grièvement blessés à l’heure qu’il est. Vous n’avez rien entendu mais la chute de ce rocher a produit une onde sonique de forte magnitude. Alors si cette preuve vous suffit, rebroussez chemin et contournez le col par le sentier circulaire. Cela vous prendra quelques jours de plus mais au moins vous ne risquerez rien !
    - Il est rassurant de savoir que nous sommes guidés par des gens de qualité ! dit le mage sur un ton sarcastique
    - Mince Anomen tu sais même plus lire une carte. Tu devrais vraiment être bourré toi hier soir ! rajouta le barbare
    - Mes amis. .. je ne sais que dire… je suis confus ! Enfin l’essentiel est que cette brave femme nous ait prévenu. Je vous remercie madame et veuillez me pardonner d’avoir douté de votre bonne foi ! s’excusa le chevalier plutôt embarrassé.
    - Ce n’est rien : les gens n’écoutent jamais les vieilles chouettes dans mon genre, j’ai l’habitude. Suivez mon conseil et faîtes un détour et je serais heureuse d’avoir pu vous sauver la vie.
    - Je crains hélas que ce soit impossible ! Ma mission ne souffre aucun délai et faire le tour de la montagne nous exposerait trop à une attaque de notre poursuivant. Il va falloir trouver un moyen de traverser coûte que coûte !intervint Arthalas sur un ton ferme.
    - Enfin t’es sourd ou quoi ?! Si nous entrer dans canyon, nous être changés en fiente de troll par sons ! Tu piges ? lui répondit fort intelligemment Phaelgalis
    - Si tu as trop peur barbare, retourne te cacher sous la jupe d’une serveuse d’un de tes bars minables. Chaque seconde qui passe voit mon peuple souffrir un peu plus. Je traverserais ce canyon par tous les moyens !
    - Comment pourras tu sauver ton peuple si tu meurs ici ? Il n’est pas dans les habitudes d’un paladin de fuir, mais la mission prime sur le reste : tu trahirais la confiance que la princesse a placé en toi avant sa mort en agissant de la sorte! rétorqua le paladin
    - J’en suis conscient mais je n’ai pas le choix, Liorund ne pourra pas tenir plusieurs jours de plus : pour moi chaque seconde compte. Je sauverais ma patrie même si je meure en essayant !
    - Vous n’êtes vraiment pas raisonnables, mes petits. Mais si vous tenez absolument à mettre votre vie en jeu, il y a bien un moyen de passer ! Toutefois celui-ci s’avère très coûteux ! Désirez-vous malgré tout le connaître ? le coupa la vieille le regard plein de malice
    - C’est vrai ?! Dîtes le moi ! Je suis prêt à courir tous les risques. S’excita le jeune elfe.
    - Holà du calme, cela est loin d’être gratuit ! Il vous faut des bracelets anti-bruits pour franchir la distance quasiment en toute sécurité. Or miracle j’en ai quelques uns sous la main et je me ferais un plaisir de vous les donner. Moyennant finances bien entendu : faut bien faire chauffer le chaudron comme on dit ! Que diriez-vous de cette superbe dague comme mode de paiement ?
    - Jamais je préfère encore vous vendre un de mes bras ! Cette dague a une valeur incommensurable à mes yeux. répondit sèchement Arthalas
    - Beurk que ferais-je d’un bras ? ! Bon je me contenterai d’une des épées du grand costaud là bas dans ce cas: vous savez la viande est très dure par ce froid.
    - J’ai une meilleure idée, si je te découpai en rondelles et qu’on te prenait tes bracelets ! Vieille pie ! la menaça le barbare l’air mauvais.
    - Vous pouvez toujours essayer, mais vu que vous ne savez ni à quoi ces bracelets ressemblent,ni où je les ai dissimulé, vous serez bien avancés ! Bon je vous fais ma dernière proposition ! Si le joli mage me donne un baiser langoureux je veux bien vous laisser les bracelets !
    - Quoi ! Il n’en est pas question ! Je…
    - Allons ne fais pas ton égoïste voyons. Pense un peu au peuple d’Arthalas ! Un petit bisou ce n’est rien ! lui dit le barbare une expression jubilatoire dans le regard.
    - Hé bien c’est le propre des héros de savoir se sacrifier. Hum… Ce ne sera pas douloureux, je pense. Renchérit le paladin
    - Mon ami, je te serais éternellement reconnaissant si tu me rendais ce petit service ! le supplia Arthalas
    - Hmpf ! Je suppose que je n’ai guère le choix. Se résigna le mage
    - Chic ! Marché conclu ! Allez approche toi beau gosse ! »

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    La vieille sentait la naphtaline et l’alcool bon marché. Une horrible verrue surplombait ses lèvres, et le mage cru même distinguer une moustache naissante ! Plus la « créature de rêve » s’avançait et plus Zacharius était pris de nausée, lorsque celle-ci découvrit une rangée de chicots noirâtres le thaumaturge se senti défaillir ! Rassemblant tout son courage, le mage lui donna un baiser, que sa partenaire rendit plus langoureux qu’il ne l’aurait souhaité. Cette expérience lui retourna l’estomac : la bave de la magicienne était visqueuse et le baiser eût le goût d’un foie de Yack séché mélangé avec du ragoût de gobelin ! Blême Zach, jura entre ses dents qu’il se vengerait. Comme promis la demi gnome leur remit les bracelets, en précisant que ceux-ci n’avaient qu’une charge de trois heures. De plus étant coupés de tout bruit extérieur, ils ne pourraient communiquer entre eux. Confiné dans une bulle silencieuse, Phaelgalis ne pu que contempler le geste théâtral du mage l’invitant à passer le premier. C’est avec de sérieux doutes sur l’efficacité de sa protection que le barbare s’engouffra dans l’entrée fort peu engageante du canyon, une prière pour Bedonis, le dieu des barbares, sur le bout des lèvres.

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