La plume brisée
Chaque jour qui passe noie un peu plus ma plume dans un carcan de banalité. La routine qui est la mienne aliéne totalement mes facultés d'innovation et d'expression. Il fut un temps où il suffisait que je me saisisse d'un stylo pour qu'un déluge d'idée submerge mon esprit et innonde mon récit de façon totalement incontrôlée. Le résultat était brut, non polis et souvent maladroit mais avait une vertu libératrice sur son auteur. Depuis, bien des orages se sont déchaînés et bien des durians ont séché au soleil, asphyxiant des milliers de badauds naifs, mais le courant qui alimentait ma plume s'est peu à peu tari.
Toujours le même quotidien: regarder les même gens si familiers mais pourtant parfaitement inconnus, manger les même plats à quelque variante près, jouer aux même jeux, disserter sur des questions similaires, contempler ce même plafond immaculé et s'avachir derrière ce même écran. Le centre ville n'est qu'à 1H30 de métro mais là encore ce monde m'étouffe, je me demande si je ne deviens pas agoraphobe avec le temps. Je me replis sur la même bulle protectrice au quotidien, celle là même qui m'empêche de formuler une idée cohérente et de chercher de nouvelles sources de distraction.
En résumé passé la phase de découverte ma vie ici s'est avérée extrement lassante. J'aurais pu voyager plus mais pour aller où et surtout avec qui? J'étais venu chercher une bouffée d'air frais et voilà que j'étouffe à nouveau... Je dois avoir un sérieux problème!
Enfin tout ça pour dire que les mises à jours sur ce blog ont été comme mon humeur irrégulières très irrégulières. Je n'ai plus vraiment d'inspiration , à vrai dire je ressens un grand vide intérieur. Dans les films de kung fu et certains mangas il parait que ça permet de briser des murs et de tuer n'importe qui à main nue. Hélas même les murs sont contre moi , je suis même pas foutu d'exploser un mur en béton à coup de poing... Mon séjour à Singapour s'achève bientôt et mon bilan oscille entre un certain enrichissement personnel et le sentiment d'un grand gâchis. Cette année qui devait s'avérer unique dans ma vie n'a pas été si différente des autres. Du coup je me sens un peu blasé de tout à même pas 21 ans.
Voilà quand je retrouverais un semblant de stabilité dans ma vie, car tout ce qui a été entrepris cette année le fut sur une base temporelle très courte, j'essaierai de réfléchir sur moi et de me reprendre un peu en main. En attendant ce blog ne risque pas de revivre de façon étincellante avant un petit moment. Peut être que je trouverais le courage de pondre une note ou deux de ci de là, qui sait? Pour l'heure je retourne à ce que les marmottes savent encore faire de mieux: la sieste, une très très longue sieste.